Je suis sorti de l’église emportant avec
moi son silence. Silence que je retrouvais en pénétrant dans les jardins de la
mosquée. Je me suis assis sur un banc. J'ai regardé le sol. Je pensais à la
vie. Cette vie que je traversais. Ma vie. Cette sensation de ne pas vivre comme
si je n'avais qu'une vie. C'était comme si j'attendais quelque chose avant de
commencer à vivre. Ma vie était dans un entrepôt attendant que je vienne la retirer.
J'en ignorais la date de péremption.
Une feuille est tombée d'un arbre.
Le vent ou la fatigue. J'ai entendu le bruit. Un bruit léger. Dans sa chute
elle a frôlé d'autres condisciples. Elle rebondit. Je l'ai perdue de vue. Je
voulais suivre sa progression vers le sol, absolument la voir se poser. Je lui
offris toute mon attention. Un mouvement l'a éloignée des branches. Elle était
dans la lumière. Comme si elle avait eu la volonté de retarder son contact avec
le sol, elle décrivit des arcs de cercle. Sa légèreté ne la sauva pas. Elle
rejoignit celles qui l'avaient précédée. Elles formaient une ondulation sèche
et bruissante. Les pieds des derniers visiteurs leur donnaient un dernier élan
vers l'ombre du soir.
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