lundi 9 juillet 2007

Une soirée chez F et J (2)

Pourtant, sans y prendre gare, la conversation va prendre tour un très particulier, passant de la table d'auscultation à la couette. Au début, le sujet reste très médical. Il s'agit de cancer, de prévention, de taux de ceci, de taux de cela, de symptomes. Quelqu'une pense utile de préciser que c'est un problème strictement masculin. Bien sûr, à chacun les soucis de son sexe. Est ensuite évoqué l'exemple d'une connaissance commune dont le mari a subi une ablation de la prostate. Une des trois élégantes précise que, dans ce cas, il peut y avoir disparition des érections et que, même en cas de retour, ce qui dans sa bouche et son esprit reste très hypothétique, la turgescence peut demeurer partielle, manquer de rigueur, être insuffisante et insatisfaisante. La possibilité d'une injection, sorte de botox pelvien qui est au sexe ce que le bâton est à l'esquimau, est évoquée pour redonner, autant que faire ce peut, un peu de fonctionnalité à cet organe à l'irrigation défaillante. Je devine que cette solution ne pourrait-être que temporaire. A ce moment précis de la conversation, on peut raisonnablement penser que chacun, pour ce qui le concerne, a pris connaissance des tenants et des aboutissants du sujet. Et pourtant, une de nos trois charmantes se propose de se renseigner auprès de l'épouse de "l'amputé" afin d'avoir confirmation des effets secondaires et s'engage à nous tenir informé. De savoir que je pourrais être le sujet d'une telle conversation me fait entrevoir les couleurs de l'humiliation. N'ayant pas, jusque là, accompagné mes voisines sur les chemins de l'intimité, je me permets de leur préciser que l'on a beaucoup grossi l'importance de sexe masculin comme source de plaisir féminin et qu'il existe d'autres moyens de procurer à nos compagnes ce qu'elles attendent de nous. Nous convenons que l'imagination est pourvoyeuse de plaisirs.

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