lundi 23 juillet 2007

Un matin d'été

Je suis au bord d'une rivière. A cet endroit, elle est large comme si elle voulait ressembler à un fleuve, peut-être celui dans lequel elle finira par se jeter et disparaître. Si il n'y avait la progression des feuilles à sa surface, je pourrais croire qu'elle ne coule pas, qu'à cet endroit elle a décidé de stopper sa course. J'imagine un moment de repos après des cascades. Les tumultes de l'amont ne sont plus que des remous dont les rayons du soleil révèlent le relief. Elle semble vouloir retrouver son souffle, reprendre ses esprits, effacer les coups donnés par les rochers qui parsèment son cours et la transforment en un bouillon instable qui subit la loi du minéral. Entre les algues, je devine les poissons qui profitent de cette pause apparente pour se chercher avant de se perdre dans le courant qui les guette un peu plus bas.
Sous la protection des arbres, elle caresse les berges comme si elle cherchait un peu de réconfort. Elle paraît prête à m'accueillir. Je sais que je resterai sur le bord. Je me contente de regarder. J'essaye de prendre pleinement conscience de ce moment, de me laisser envahir, de me laisser fondre comme si je pouvais disparaître dans ce paysage. Un souvenir de la brume nocturne, comme une âme égarée, prête à replonger, flotte sur le murmure de l'eau. Comme si c'était un nuage, j'essaye d'y déceler une forme, un message qui m'aiderait à comprendre. La lumière du matin lui donne les contours d'une chevelure. J'ai envie de tendre la main et de la caresser. Un souffle la fera disparaître.

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