vendredi 27 juillet 2007

Aidez nous, Monsieur le Président

Ce matin solennellement j'en appelle à notre Président.

Je vous relate les faits brièvement, je sais que votre temps est précieux et que compte tenu de ce qui s'est passé avant vous, il y a du taf. Donc voilà. Depuis le mois de mai, il pleut, il fait froid. Remarquez, il a tellement fait beau au mois d'avril qu'il fallait s'y attendre. Comme dit ma mère "Ca, tôt ou tard, on va le payer". Il y a d'ailleurs un proverbe qui dit "Soleil en avril, pluie à la saint Basil". Les proverbes se trompent rarement.

Ensuite, Monsieur Juppé n'a pas été élu député. Je pensais que vous interviendrez en disant "Alors ça, c'est extraordinaire!" et que puisqu'il était en tête dans les sondages il était normal qu'il soit élu puisque vous et votre entourage avez pris l'habitude de légitimer vos décisions et actions à l'aune des sondages.

Pour ce qui me concerne, depuis quelque temps je crève régulièrement. Il ne fait aucun doute que la qualité et la propreté des routes sont en cause. Votre premier ministre semblant s'être, depuis quelques jours, pris d'une passion sans borne pour le réseau routier et ses turpitudes, je vous suggère de le missionner pour réaliser un audit de la voie carrossable entre chez moi et mon bureau afin que soient mis en évidence les points noirs et dégagés les axes de progrès. Afin de réduire les frais, je vous propose de l'héberger le temps de sa mission.

Par ailleurs, hier soir, dans le cadre "des terrasses du jeudi", j'ai assisté à un concert d'Elliott Murphy, que, soit dit en passant, je recommande. Le concert a été émaillé d'incidents techniques durant toute la prestation du groupe. Interruption du son, pas de retour musicien, éclairage défectueux. Du coup, Elliott a fini par se mettre en colère. Alors, Monsieur le Président, pour l'an prochain, pourriez-vous assurer la technique des concerts, je suis certain que dans votre jeunesse vous avez participé à des boum où vous étiez disc-jockey et puis les micros ça vous connaît.

Enfin, ce matin, alors que je levai la jambe pour enfourcher mon vélo, mon regard tombe sur un spectacle de désolation, la voiture des voisins qui reposait sur ses quatre jantes. Quoi de plus déprimant que de voir son automobile dans le rôle d'une épave, comme abandonnée. La chaussée devient un terrain vague auquel il ne manque plus que les mauvaises herbes et les carcasses de vieilles lessiveuses. Après l'abattement et l'hébétude, on sent monter en soi la colère, l'envie d'en découdre, l'impérieuse nécessité d'avoir à sa merci ces enfoirés (1) pour leur faire regretter d'être nés. Mais après les fantasmes du "do it yourself" de la vengeance, on est rapidement confronté au principe de réalité et monte en soi le déprimant sentiment d'impuissance qui finit par faire place à la résignation. Si à cet instant quelqu'un vous proposait de signer une pétition pour interdire les caméras de surveillance sur la voie publique, vous lui feriez bouffer son stylo. Vous voulez que l'on mette des caméras partout, vour êtes pour les peines plancher en cas de récidive, pour les reconduites à la frontière, pour la tolérance zéro, pour le rétablissement de la discipline, du respect, pour la réhabilitation du travail et de l'effort, contre le port des strings, contre le technival, contre mai 68, contre tout ce bordel qui fait qu'on en est arrivé là. Votre voiture sur ses quatre jantes est l'aboutissement de ce processus de déliquescence. Alors, je vous en supplie Monsieur le Président, retrouvez les quatre jantes de mon voisin et si il faut négocier avec les voleurs, n'hésitez pas à confier cette mission à votre épouse.


Je vous remercie et n'hésiterai pas à vous solliciter de nouveau car comme vous le dites si justement, il faut aller chercher les compétences là où elles se trouvent.

(1) Selon votre sensibilité, je vous laisse libre d'ajouter les qualificatifs qui vous semblent appropriés.

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