mercredi 9 mars 2016

Perfusion

Ce matin, de la buée sur le miroir de la salle de bain. Ce qui m'a dispensé de croiser mon regard. Comme une vague forme avant sa disparition. Le temps passait goutte à goutte, laissant des traînées le long du reflet. Prisonnières de l'attraction, elles étaient emportées vers le bas. Après quelques minutes, une dizaine (j'ai compté) d'entre elles se sont retrouvées pour former un plan de taille modeste qui, goutte après goutte, prenait de l'ampleur. J'avais envie de voir combien il en faudrait pour que ça déborde. Dans le miroir, j'apparaissais de plus en plus. Quelques gouttes, sans que je puisse en déterminer la raison, étaient stoppées dans leur course. Elles tremblaient l'espace de plusieurs secondes et certaines d'entre repartaient. Les statiques finissaient par être emportées par celles qui venaient de plus haut. Dans ce cas, devais-je compter une ou deux gouttes? Ce nouvel élan transmettait de la vitesse. J'attendais le débordement. Il se faisait attendre. Il y a peu, il semblait inéluctable et là, alors même qu'il n'existait pas, il faisait naître le doute. Et puis, tout s'est précipité. Je n'avais plus le temps de grand chose. Je n'étais pas encore habillé. Le thé était froid. Le jour était déjà là et le bus le serait bientôt. A regret, je dus abandonner les gouttes à leur destin sans savoir ce qu'il en adviendrait.

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