lundi 7 mars 2016

Accessoirement

Accessoirement

Le temps. Le temps vide. Le temps de transition. Le temps trait d’union entre deux autres temps. Le temps contraint mais disponible. Le temps de transport en fait partie. Chaque matin, sans raison particulière, davantage que le soir, ce temps pour aller d’un point à un autre, comme une virgule, est à ma disposition. En règle générale, je n'en fais pas grand-chose. Je regarde ailleurs. Mes chaussures pour vérifier qu'elles sont bien cirées. Qu'elles renvoient les reflets de la lumière intérieure. J'aime regarder les autres paires (de chaussures, ceci pour Phil, ce qui nous dispensera d'un commentaire douteux). Toutes ces paires qui ne m'appartiennent pas. C'est une  façon d'épier. C'est ainsi que j'ai découvert une tendance. Une tendance en vogue chez l'adolescente citadine mais pas nécessairement urbaine. En matière de mode, d'élégance, il suffit parfois d'un rien qui peut même échapper à l'observation. Dans le cas présent, ce presque rien est visible. Depuis quelque temps, après une période plutôt flashie, j'ai constaté un retour de la sobriété vestimentaire.
Donc un matin, mon regard s'était focalisé sur les chaussures d'une lycéenne (quel symbole). Pour être plus précis, il s'agissait de tennis (le dit-on encore) modèle Stan Smith (une des idoles de ma jeunesse) d'un élégant blanc. Remontant lentement je découvre des soquettes tout aussi immaculées. Je fais une pose. Après quelques secondes, je reprends mon ascension. Et que découvre-je? Deux chevilles ainsi laissées à la vue de tous. Feignant l'indifférence, je passe au-dessus. S'offre alors à ma vue un bas de jean d'un bleu passé retroussé et formant ainsi un ourlet provisoire. Comme pour un tableau qui nécessite de la distance pour être apprécié, j'ouvre la focale pour englober l'ensemble. Ma foi... Et depuis, j'ai découvert que nombreuses sont celles qui ont adopté ce rien.       

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