jeudi 3 mars 2016

Nous ne sommes pas à l'abri

Il arrive que des choses arrivent sans que nous les voyons venir. Ce qui, indépendamment de la nature de ces choses, est réjouissant. Chaque matin l'aventure commence. Open your mind. Donc, ce matin, je sors. Quelque peu plus tard que d'habitude. Pour tout dire, j'ai traîné. Surtout au lit. Du style "Oh aller, encore un quart d'heure". "Bon, encore 10 minutes et j'y vais". D'accord, c'est de la traînasserie frelatée mais ça donne l'illusion d'être maître de son temps. J'ai donc fini par me retrouver dehors dans le vent et la pluie. Dans ces circonstances météorologiques me vient toujours une chanson. Toujours est-il que je me retrouve dans l'abri bus. Plutôt seul. Du moins le pensais-je. Comme souvent je procède aux dernières vérifications d'usage. Ai-je ma carte de bus? Ai-je pris mes clés? Me suis-je muni de mon téléphone? Ai-je pris soin  de fermer ma braguette? Ai-je mon couteau? Toutes les cases de la check-list étant cochées, j'éprouve un légitime soulagement. Pour passer le temps, je regarde un peu partout et notamment sur la droite. Et qui vois-je qui comme moi attend le bus? Julia Roberts. Comme vous, l'étonnement me saisit. Julia Roberts qui attend le bus à Mesnil Esnard! Elle est là. Elle vante un parfum. Quelque peu intimidé, je m'approche. Pour tout vous dire, Julia Roberts ne m'a jamais inspiré, même pendant les pires périodes de disette et dieu sait... Bien, sûr elle est dotée d'une plastique qui lui permet de représenter une certaine image du luxe. Toujours est-il qu'en m'approchant je me rends compte. Je me rends compte qu'il est parfois préférable de regarder de loin. Dans le cas présent, de loin Julia Roberts ressemble à Julia Roberts. Mais de près, force est de constater qu'elle ne se ressemble plus. Elle devient quelqu'un d'autre, produit d'une savante pixellisation. Lissée, retravaillée, recadrée, délestée de ce que d'aucuns considèrent comme des défauts. Pour résumer, elle est au désir ce que le kiri est au fromage (obscur?). Le bus est arrivé. Je suis monté, laissant Julia derrière la vitre, à l'abri du monde.

Aucun commentaire: