dimanche 25 janvier 2009

Et une quiche, une



"Ce n'est pas nécessairement la meilleure réponse en ce moment aux problèmes que traverse le pays que de chercher à mettre beaucoup de gens dans la rue (...) Il y a d'autres pays qui ne passent pas leur temps à faire grève"

Une fois n'est pas coutume, j'ai commencé par la phrase. Pour résumer, l'ami Eric Woerth, notre ministre du budget, dont l'une des caractéristiques est de dire "Restons sérieux" lorsqu'un contradicteur a l'idée saugrenue de le contredire, estime que ce n'est pas le bon moment pour faire la grève. Autrement dit, la grève oui mais quand tout va bien.

Ce que je peux dire à l'ami Eric, c'est que la grève n'a pas pour objet d'être une réponse aux problèmes. C'est un message à ceux, démocratiquement élus, qui nous dirigent. Le contenu du message est le suivant "Nous sommes bien placés pour savoir qu'il y a des problèmes, nous estimons que les mesures prises ne permettront pas à elle seules de résoudre ces problèmes, nous voulons en débattre."

Vous remarquerez que le gars Eric considère que les salariés qui manifesteront jeudi sont un troupeau de gnous croisés avec des veaux quand il précise "de chercher à mettre beaucoup de gens dans la rue" A l'évidence il préfère qu'il y ait "beaucoup de gens dans la rue" mais pour les soldes. Insidieusement nous en revenons à la distinction bon citoyen-mauvais citoyen. Après le conservateur, le banquier, le gréviste est le troisième bouc émissaire qui empêche le gouvernement de réussir.

En cette période difficile pour certains de nos concitoyens, il serait intelligent de se dire que puisqu'il y a un mouvement social, écoutons le message qui nous est adressé. Ensuite il sera de notre responsabilité d'en tenir compte ou pas. Mais non, quelque peu méprisant, le gars Eric nous reproche d'être toujours en grève, rejoignant en cela le gars Dassault qui à longueur d'interview traite les français de fainéants. La grève est un moyen de faire vivre la démocratie entre deux élections. Mais pourquoi mon copain Eric serait-il inquiet puisque notre président, sourire aux lèvres, nous a dit que maintenant quand il y a grève, personne ne s'en aperçoit.

Je ne vais pas commenter tous les propos de mon ami Eric mais il est très instructif de lire l'ensemble de ses propos. C'est pourquoi vous les trouverez ci-après. Après cela vous aurez peut-être envie de lui dire "Restons sérieux".



Le recours à la grève en temps de crise économique et financière n'est pas la meilleure méthode pour répondre aux problèmes de la France, a estimé dimanche le ministre du Budget, Eric Woerth.

"Ce n'est pas nécessairement la meilleure réponse en ce moment aux problèmes que traverse le pays que de chercher à mettre beaucoup de gens dans la rue (...) Il y a d'autres pays qui ne passent pas leur temps à faire grève", a-t-il estimé sur Radio J.

"Je crois que la bonne réponse aujourd'hui, c'est quand même de partager ensemble nos difficultés pour trouver des réponses collectives", a-t-il ajouté.

Il commentait la journée d'action nationale qui doit rassembler la fonction publique et le privé jeudi en France pour une journée de grève et de manifestations.

Le ministre prédit que le mouvement sera un succès en termes de participation.

"Je suis très soucieux de cette grève, je pense qu'il y aura du monde dans la rue. Je vois bien que les blogs marchent à fond, que tout le monde, même le PS, appelle à défiler dans la rue", a-t-il dit.

En faisant allusion à la tempête qui a frappé le pays samedi dans le Sud-Ouest, il a déploré ce mouvement qui détonne selon lui avec la conjoncture.

"D'abord le pays traverse une crise comme jamais il n'a traversé et puis, on le voit bien, dans le Sud-Ouest où beaucoup de gens sont dans le malheur, est-ce une vraie réponse au fond que d'engager des grèves de transport, d'embêter les gens ?", s'est-il demandé.

Il déplore que les mouvements sociaux, à ses yeux, se radicalisent, en reprenant l'exemple d'un mouvement ayant amené la fermeture il y a quelques jours de la gare Saint-Lazare pendant une journée.

"On voit la violence monter avec des mouvements sociaux de plus en plus incontrôlés, avec des groupuscules de plus en plus incontrôlables", regrette-t-il.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le ministre semble très content de ce qu'il raconte puisqu'il a ressorti les mêmes arguments mots pour mots chez le trés docile Demaurand sur inter ce mardi matin


Emmanuel

Anonyme a dit…

"La grève est un moyen de faire vivre la démocratie entre deux élections. "

Décider de ne pas travailler pour exprimer son malaise, parce que les actions du gouvernement élu par le plus grand nombre ne me plaisent pas, est une chose ! décider de bloquer sciemment les "commuters" sur leurs quais de gare en arrêtant tous les trains en est une autre !

Israël justifie son extrémisme (les morts des civils innocents) parce que le Hamas se cache parmi eux.
Sud Rail justifie son jusqu'au boutisme parce que c'est une façon d'arriver à leurs fins en mettant la pression des milliers d'otages sur leur direction.

Jusqu'ou va t'on accepter cela ? Est-ce un crime que de leur dire que nous n'acceptons pas cette dérive du droit de grève ?

Fort heureusement pour moi, j'ai la chance d'être banlieusard et non gazaoui, mais pour autant, j'en ai marre de me laisser traiter comme de la viande...