Avec le temps, c'était comme si il avait oublié que chaque fois pouvait être la dernière.
Le matin avance. Il finira par disparaître. Il ne parvient
pas à se lever. Comme pour quitter cet endroit, s'offrir un répit, il fixe les
nuages pour y découvrir des formes, d'autres paysages. Il discerne souvent les
contours d'animaux fantastiques, surgissant d'une mythologie inconnue. Ils
finissent par se déformer, puis disparaissent. Pris par la peur de ne plus rien
voir, d'être contraint de reprendre le cours de ses pensées, il cherche une
nouvelle forme, l'esquisse d'une création brumeuse qu'il laissera son imagination
compléter.
Ses yeux changent d’angle et se retrouvent dans cette pièce.
Au fond, dans un coin, une chaise. Il sourit. Ce n’est pas une chaise, mais la
chaise, qu'il préférait au lit. Ou plutôt, leur chaise, qui se balançait au gré de leur passion. Cette
envie avait germé alors qu’il regardait « L’ange bleu ». Lola-Lola
qui enfourchait une chaise, qui fascinait le professeur. Il prenait souvent
place le premier. Elle le regardait. Son regard, qu’il absorbait, plongeait
comme le premier signe d’une possession. Elle s’avançait et décidait. Il en
était toujours ainsi. Il se laissait aller, se livrait, s’offrait. Il avait
déjà remarqué qu’en faisant l’amour avec d’autres femmes, il lui arrivait de
penser à autre chose, de s‘évader. Parfois, lorsque son esprit réintégrait son corps
c’était pour constater que tout était fini. Mais avec elle il ne quittait
jamais les lieux. Le simple fait qu’elle puisse le voir tel qu’il était, était
pour lui une source de plaisir. Par petites touches elle lui avait appris à se
laisser aller, à abandonner en sa présence toute pudeur. Il était devenu fier
d’exposer sans retenue son corps, de laisser s’exprimer sa virilité. Quand elle
le regardait il se sentait beau, désirable. Elle était la seule à lui avoir
procuré cette sensation de légèreté, de liberté.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire