« Je vois ma vie comme un terrain vague. De l’herbe, des
pierres, des résidus, le vent, l’usure et l’abandon. Aucune envie d’y faire pousser quoi
que ce soit, d’y ériger une quelconque construction. J’ai une pelle et je
creuse, persuadé de trouver quelque chose que je pourrais brandir en criant
« Voilà, c’est moi ». La sensation d’être autre chose, de vivre à côté de moi. »
Dès
son plus jeune âge, il a eu la certitude d’avoir une vie intérieure intense. Comme si il ne pouvait pas se contenter de vivre.
Même si il sait que cela est
vain, il recherche toujours les mots. Des mots qui s’imprègneraient, des mots
dont il serait proche, des mots qui seraient comme des larmes d’une troublante
transparence et qui ne sécheraient jamais. Il ne renonce pas à trouver des mots
qui seraient elle, qui seraient lui. Des mots dans lesquels ils pourraient se
glisser et se blottir dans leur ombre. Pourtant, ce qui est en lui se méfie des mots, la sensation de s’y
trouver à l’étroit. Il ressent parfois une frustration de ne pouvoir exprimer la
force, la violence, la douceur, le calme qui le traversent, claquent et le
transpercent. Ce n’est peut-être que son âme qui lui échappe. Elle est l’eau
que l’on devine retenue par un barrage
« Et j’ai eu huit ans. C’est l’âge auquel je crois me
souvenir avoir fait le lien entre mon cerveau et mon pénis dont à l’époque
j’ignorais le nom. Je ne l’appelais pas alors que ma mère l’affublait de
surnoms ridicules et niais dont j’ai encore honte aujourd’hui. Ce devait être
une sorte de castration morale. Si j’étais son fils, je ne devais pas être un
homme. C’est du moins ainsi que je l’analysais. »
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