mercredi 24 octobre 2012

A autre chose (18)

« Je vois ma vie comme un terrain vague. De l’herbe, des pierres, des résidus, le vent, l’usure et l’abandon. Aucune envie d’y faire pousser quoi que ce soit, d’y ériger une quelconque construction. J’ai une pelle et je creuse, persuadé de trouver quelque chose que je pourrais brandir en criant « Voilà, c’est moi ». La sensation d’être autre chose, de vivre à côté de moi. »

Dès son plus jeune âge, il a eu la certitude d’avoir une vie intérieure intense. Comme si il ne pouvait pas se contenter de vivreMême si il sait que cela est vain, il recherche toujours les mots. Des mots qui s’imprègneraient, des mots dont il serait proche, des mots qui seraient comme des larmes d’une troublante transparence et qui ne sécheraient jamais. Il ne renonce pas à trouver des mots qui seraient elle, qui seraient lui. Des mots dans lesquels ils pourraient se glisser et se blottir dans leur ombre. Pourtant, ce qui est en lui se méfie des mots, la sensation de s’y trouver à l’étroit. Il ressent parfois une frustration de ne pouvoir exprimer la force, la violence, la douceur, le calme qui le traversent, claquent et le transpercent. Ce n’est peut-être que son âme qui lui échappe. Elle est l’eau que l’on devine retenue par un barrage

« Et j’ai eu huit ans. C’est l’âge auquel je crois me souvenir avoir fait le lien entre mon cerveau et mon pénis dont à l’époque j’ignorais le nom. Je ne l’appelais pas alors que ma mère l’affublait de surnoms ridicules et niais dont j’ai encore honte aujourd’hui. Ce devait être une sorte de castration morale. Si j’étais son fils, je ne devais pas être un homme. C’est du moins ainsi que je l’analysais. »   

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