Elle posait ses mains sur le haut de ses cuisses. Il
s’imaginait en statue grecque dans le musée de sa muse, offert aux caresses et
aux promesses. Il fermait les yeux et rejetait la tête en arrière. Au plus
profond de son corps il sentait monter comme l’appréhension de succomber sur le
chemin qu’elle allait lui faire découvrir. Il sentait la première caresse de
cette main qui le parcourait, qui furetait, se glissait, se faufilait, le
découvrait, le fouillait, le frôlait, lui révélait ce qu’il n’avait jamais
soupçonné. De cette main, sur sa peau elle écrivait un poème que lui seul
pouvait lire.
C’est avec elle qu’il eut la sensation d’être un homme. Comme
une révélation de la puissance, une glorification de la virilité. Une attente
qu’il faisait tout pour satisfaire sans me sentir obligé. L’orgasme n’est pas
un long fleuve tranquille. On en sent parfois les premières ondes et, sans que
l’on sache pourquoi, il s’évanouit sans passer par la case souvenir. Il est
tout près, à portée de peau. On croit en sentir l'odeur Il repart là-bas,
s'échappe au loin. On se retrouve perdu en pleine mer sans savoir dans quelle
direction se trouve le rivage. Il cherchait le souvenir d’un orgasme
particulier, celui qui l’aurait fait mourir, ou presque. Celui qui fait
trembler, celui que l’on a senti venir, qui s’est formé comme une vague au
large, qui à la dernière seconde nous aurait presque fait peur, emportant et
remplissant les espaces, se précipitant par-dessus la digue. Cet orgasme qui se
perd au loin, que l’on entend gronder encore longtemps. Il en avait le souvenir
et du lieu où elle lui avait offert. Ce n’est pas le seul présent qu’elle lui
ait fait mais il avait eu l’impression de frôler quelque chose, d’avoir été
transporté le plus loin que l’on puisse l’être. Ralentissant, le battement de
mon cœur le ramenait là où tout avait commencé, à cet endroit d’où elle l’avait
propulsé. Comme si elle avait possédé le droit de vie ou de mort. Il était
revenu à la vie, cette vie paisible qui n’est qu’un répit que l’on voudrait
abréger pour retourner là-bas, au-delà du plus loin que l’on puisse
concevoir.
C'est avec hésitation que j'ai utilisé ce mot orgasme. Il a
ce côté technique, performance, magazine féminin qui éloigne la poésie,
le sentiment. J'aurais pu utiliser jouissance mais c'est un mot qui déborde et
dégouline, qui expose son impudeur.
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