mercredi 3 octobre 2012

A autre chose (7)

Elle posait ses mains sur le haut de ses cuisses. Il s’imaginait en statue grecque dans le musée de sa muse, offert aux caresses et aux promesses. Il fermait les yeux et rejetait la tête en arrière. Au plus profond de son corps il sentait monter comme l’appréhension de succomber sur le chemin qu’elle allait lui faire découvrir. Il sentait la première caresse de cette main qui le parcourait, qui furetait, se glissait, se faufilait, le découvrait, le fouillait, le frôlait, lui révélait ce qu’il n’avait jamais soupçonné. De cette main, sur sa peau elle écrivait un poème que lui seul pouvait lire.
C’est avec elle qu’il eut la sensation d’être un homme. Comme une révélation de la puissance, une glorification de la virilité. Une attente qu’il faisait tout pour satisfaire sans me sentir obligé. L’orgasme n’est pas un long fleuve tranquille. On en sent parfois les premières ondes et, sans que l’on sache pourquoi, il s’évanouit sans passer par la case souvenir. Il est tout près, à portée de peau. On croit en sentir l'odeur Il repart là-bas, s'échappe au loin. On se retrouve perdu en pleine mer sans savoir dans quelle direction se trouve le rivage. Il cherchait le souvenir d’un orgasme particulier, celui qui l’aurait fait mourir, ou presque. Celui qui fait trembler, celui que l’on a senti venir, qui s’est formé comme une vague au large, qui à la dernière seconde nous aurait presque fait peur, emportant et remplissant les espaces, se précipitant par-dessus la digue. Cet orgasme qui se perd au loin, que l’on entend gronder encore longtemps. Il en avait le souvenir et du lieu où elle lui avait offert. Ce n’est pas le seul présent qu’elle lui ait fait mais il avait eu l’impression de frôler quelque chose, d’avoir été transporté le plus loin que l’on puisse l’être. Ralentissant, le battement de mon cœur le ramenait là où tout avait commencé, à cet endroit d’où elle l’avait propulsé. Comme si elle avait possédé le droit de vie ou de mort. Il était revenu à la vie, cette vie paisible qui n’est qu’un répit que l’on voudrait abréger pour retourner là-bas, au-delà du plus loin que l’on puisse concevoir. 
C'est avec hésitation que j'ai utilisé ce mot orgasme. Il a ce côté technique,  performance, magazine féminin qui éloigne la poésie, le sentiment. J'aurais pu utiliser jouissance mais c'est un mot qui déborde et dégouline, qui expose son impudeur. 

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