jeudi 4 octobre 2012

A autre chose (8)


Il se souvient avoir lu que les étoiles en fin de vie se contractaient jusqu’à devenir un point minuscule dans l’espace, concentraient leur énergie avant d’exploser et de disparaître. Il se sentait ainsi, comme si toutes ses terminaisons nerveuses,  comme si les milliards de cellules dont il était composé, comme si sa mémoire, comme si son passé, comme si tous ses désirs rejoignaient seconde après seconde le creux de cette main. Sa chair et son sang étaient attirés, comme aspirés en cet endroit. Il n’était plus que ces quelques grammes à la merci de ces doigts qu’il sentait. Ses veines lui donnaient l’impression de vibrer comme des cordes. Il devinait son regard. Elle déposait ses lèvres sur sa peau. Leurs chaleurs se mêlaient.
Il ressentait parfois une peur. Cette peur de sombrer, de ne plus avoir prise. C’était comme si, attiré, il pénétrait dans une pièce plongée dans le noir avec la peur que la porte ne se referme dans son dos. Peut-être le devinait-elle. Elle le guidait pas à pas, lui laissant jusqu’au dernier moment la possibilité de repasser le seuil. Ces relents de morale, de conscience, quelque soit leur origine, n’étaient jamais assez puissants pour qu’il renonce. Il vivait la puissance de l'instant. Il était un instant qui se prolongeait, se dilatait. Il n'existait pas d'instrument qui aurait pu mesurer l'intensité. Il disparaissait de la surface de la terre. Ce qui l'entravait semblait avoir désserré  l'étau, ou avait peut-être  même quitté son esprit. Il lui était arrivé de pleurer.
Il relève la tête. Une tourterelle s’est posée sur le rebord de la fenêtre. D’un œil qui semble sans expression, elle le fixe. Ses plumes varient du blanc au gris. Un geste de la main, un mouvement et elle prendrait son envol. Il s’est souvent demandé pourquoi les oiseaux décident de voler, de déployer leurs ailes pour aller se poser ailleurs et recommencer ainsi à longueur de journée. Et puis un jour, sans force, malades, incapables de prendre les airs, ils renoncent à tout et se laissant mourir dans l’apparente indifférence de leurs congénères. 

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