Il aurait presque envie de sourire en
relisant cette dernière phrase. Il se lève et fait les quelques pas qui le
séparent de la chaise. Il la regarde. Un objet fait de tissu et de métal qu’ils
avaient détourné, fait dévier de sa fonction. Cette manie de vouloir
donner un sens, une signification à ce qui n’en a pas. Cette chaise devient une
bouée sentimentale. Elle entretient son goût du fétichisme. Il parvient à s’en
amuser. Il laisse défiler les images. Il se concentre sur son visage. Il était
fasciné par ce qu’il pouvait y lire. Une fois qu’elle avait ferré ce frisson
qui allait la faire vibrer, elle ne le lâchait plus. Elle devenait un concentré
d’énergie qui n’avait de cesse que d’extirper ces quelques secondes de
jouissance. Il ressentait parfois cette impression d'être un objet entre ses mains, ce qui ne lui déplaisait pas. Sans aller jusqu'à se l'avouer, il en était plutôt fier.
Dehors le jour s’avance. Il regarde
par la fenêtre. Il s’accorde un peu de présent. Dans le ciel, quelques nuages
blancs finissent de s’étirer. Ils perdent leur forme, semblent s’étioler, prêt
à disparaître. Et puis, avec lenteur, comme les cellules d’un corps dont il ne
verrait qu’une partie, ils se divisent. Leurs contours s’affirment et
projettent d’autres ombres dans la rue où défile la vie de tous les jours. Il
va bien falloir qu’il y retourne, qu’il redevienne une partie d’un tout. Il
mêlera à nouveau son histoire aux autres. Que pourrait-il raconter sans
eux ?
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