dimanche 21 octobre 2012

A autre chose (15)

Il aurait presque envie de sourire en relisant cette dernière phrase. Il se lève et fait les quelques pas qui le séparent de la chaise. Il la regarde. Un objet fait de tissu et de métal qu’ils avaient détourné, fait dévier de sa fonction. Cette manie de vouloir donner un sens, une signification à ce qui n’en a pas. Cette chaise devient une bouée sentimentale. Elle entretient son goût du fétichisme. Il parvient à s’en amuser. Il laisse défiler les images. Il se concentre sur son visage. Il était fasciné par ce qu’il pouvait y lire. Une fois qu’elle avait ferré ce frisson qui allait la faire vibrer, elle ne le lâchait plus. Elle devenait un concentré d’énergie qui n’avait de cesse que d’extirper ces quelques secondes de jouissance. Il ressentait parfois cette impression d'être un objet entre ses mains, ce qui ne lui déplaisait pas. Sans aller jusqu'à se l'avouer, il en était plutôt fier.
 
Dehors le jour s’avance. Il regarde par la fenêtre. Il s’accorde un peu de présent. Dans le ciel, quelques nuages blancs finissent de s’étirer. Ils perdent leur forme, semblent s’étioler, prêt à disparaître. Et puis, avec lenteur, comme les cellules d’un corps dont il ne verrait qu’une partie, ils se divisent. Leurs contours s’affirment et projettent d’autres ombres dans la rue où défile la vie de tous les jours. Il va bien falloir qu’il y retourne, qu’il redevienne une partie d’un tout. Il mêlera à nouveau son histoire aux autres. Que pourrait-il raconter sans eux ?

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