mercredi 10 octobre 2012

A autre chose (12)

Il se relit et se demande s’il va conserver cette dernière phrase. Il sait que personne ne va la lire mais sa pudeur l’empêche de parler de façon réaliste de ce que sa mère appelait « les choses du sexe ». C’est d’ailleurs à ça que s’est résumée son éducation en la matière. Il savait qu’il y avait des choses et que ces choses étaient en relation avec le sexe. Pendant de nombreuses années, seul avec son sexe, il ignora ce que pouvait être ces choses. Il n’établissait aucune relation entre ce sexe et son environnement. En revanche, c’est à l’âge de huit ans, en allant voir un film au LEM, qu’il put établir de façon irréfutable que ce qui se trouvait entre ses jambes bénéficiait d’une grande autonomie. 
Pour la première fois, il allait au cinéma. Il ne se souvient pas du titre du film ni de l'histoire. Il conserve le souvenir des images du hall d'entrée, des affiches de couleur,  traversées par la mention "Prochainement", des photos sur les murs sensées vous renseigner sur l'intrigue du film, de la guérite dans laquelle une femme vous demandait "Balcon ou orchestre?", "Plutôt au milieu ou sur le côté?" Probablement accompagné par l'ouvreuse, il s'est assis dans le fauteuil qui devait être rouge. C'est en regardant une scène entre une femme et un homme qu'il a senti son sexe se dresser. Il s'est interrogé. Regarder cette intimité sur l'écran lui avait plu. Il allait pendant longtemps se la repasser et constater qu'elle provoquait toujours la même réaction. Avec le temps, il allait compléter sa cinémathèque, l'enrichissant à l'occasion de productions personnelles. 

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