Il se relit et se demande s’il va conserver cette dernière
phrase. Il sait que personne ne va la lire mais sa pudeur l’empêche de parler
de façon réaliste de ce que sa mère appelait « les choses du sexe ».
C’est d’ailleurs à ça que s’est résumée son éducation en la matière. Il savait
qu’il y avait des choses et que ces choses étaient en relation avec le sexe.
Pendant de nombreuses années, seul avec son sexe, il ignora ce que pouvait être
ces choses. Il n’établissait aucune relation entre ce sexe et son
environnement. En revanche, c’est à l’âge de huit ans, en allant voir un film
au LEM, qu’il put établir de façon irréfutable que ce qui se trouvait entre ses
jambes bénéficiait d’une grande autonomie.
Pour la première fois, il allait au cinéma. Il ne se souvient
pas du titre du film ni de l'histoire. Il conserve le souvenir des images du
hall d'entrée, des affiches de couleur, traversées par la mention
"Prochainement", des photos sur les murs sensées vous renseigner sur
l'intrigue du film, de la guérite dans laquelle une femme vous demandait
"Balcon ou orchestre?", "Plutôt au milieu ou sur le côté?"
Probablement accompagné par l'ouvreuse, il s'est assis dans le fauteuil qui devait
être rouge. C'est en regardant une scène entre une femme et un homme qu'il a
senti son sexe se dresser. Il s'est interrogé. Regarder cette intimité sur
l'écran lui avait plu. Il allait pendant longtemps se la repasser et constater
qu'elle provoquait toujours la même réaction. Avec le temps, il allait
compléter sa cinémathèque, l'enrichissant à l'occasion de productions
personnelles.
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