lundi 1 juin 2009

Et une quiche, une

Encore combien de faits divers, combien de discours, combien d'annonces, combien d'indignations, combien de lois, combien de décrets, combien de circulaires, combien d'objectifs pour qu'enfin sur notre pays règne la sécurité, cette sécurité totale, cette sécurité absolue et définitive, cette sécurité dont on est sûr, cette sécurité qui sécurise, cette sécurité qui permet de se dire que toute personne croisée est un citoyen honnête respectueux de la loi et à qui l'on peut sans crainte sourire.

Une fois n'est pas coutume, cette semaine je servirai la quiche à notre président, une de ces quiches étouffent chrétien, une quiche hostie que l'on pourrait trouver dans un sanctuaire, une quiche bien dure qui à l'occasion peut servir de bouclier.
Notre président nous a donc servi son plat préféré. En substance, la situation est devenue intolérable, cela ne peut plus durer, les français sont en droit d'exiger des résultats dans le domaine de la sécurité, les français doivent se sentir protégé. Pour nous convaincre soit que nous avons le droit d'avoir peur soit que nous avons intérêt à avoir peur, notre président peint un tableau à coup de poing. Qu'on en juge : Le 10 mars une vingtaine d’individus encagoulés, porteurs de bâtons et de barres de fer ont fait intrusion dans le lycée Jean-Baptiste Clément de Gagny.Quelques jours plus tard, c’est le proviseur de Garge-lès-Gonesses qui est blessé.Dans la seule journée du 15 mai, une collégienne de cinquième est blessée par un coup de couteau au collège Saint Gabriel de Tourcoing ; trois lycéens du LEP Thomas Jean Main de Limoges sont évacués par le SAMU après une agression à coups de matraques et de barres de fer ; un élève du collège Capouchiné de Limoges échappe à un tir à l’arme à feu. A Fenouillet une enseignante est gravement blessée par un élève âgé de 13 ans.

J'en ai conclu qu'il fallait être irresponsable pour envoyer ses enfants à l'école puisque manifestement leur sécurité n'est pas assuré. Ensuite notre président enchaîne avec la méthode dont il est l'inventeur, mettre en avant l'irresponsabilité des autres sans que l'on sache jamais qui ils sont, caricaturer des propos dont on ignore l'origine et enfin poser une ou plusieurs questions ce qui donne : Et j’entends les bonnes consciences qui crient au scandale quand le ministre de l’Education nationale propose d’installer des portiques de sécurité à l’entrée des établissements. Bien sûr qu’il est regrettable d’en arriver là ; mais comment agir autrement dans un tel contexte ? Attendre que l’irréparable se produise ? Cette situation est intolérable.
Il fustige ce qu'il appelle la pensée unique mais ne peut s'empêcher de caricaturer, dévaloriser une autre opinion que la sienne, ce qui donne : Ne vous laissez pas intimider par la dictature des bons sentiments, par la pensée unique qui voudrait excuser les auteurs de violence et chercher à culpabiliser les défenseurs de l’ordre républicain. Les Français, dans leur immense majorité, sont au côté des autorités de l’Etat.

Notre président précise : La réalité c’est que de nouvelles formes de délinquance se sont développées ces derniers temps :phénomènes de bande, violence dans les établissements scolaires, criminalité liée au trafic de drogue et à celui des armes. Qu'y a-t-il là de nouveau? Cela fait des années qu'existent ces phénomènes de bandes, sans trop savoir ce que cela recouvre. Quand j'étais petit, les bandes existaient déjà. Avec du vieux on crée de nouvelles peurs.

Sans complexe, notre président nous précise : Je suis bien conscient de la difficulté de notre mission qui consiste à assurer la sécurité des Français. Ayant été ministre de l’Intérieur, pendant quatre ans, je suis mieux placé que quiconque pour en mesurer toute la complexité. Cela dit, nous avons une exigence de résultat. Notre président est responsable de la sécurité, directement ou pas, depuis six ans et il nous décrit un pays où règne l'insécurité, la barbarie, le crime, les trafics en tous genres et dans lequel la peur est quotidienne et générale. Il s'est toujours plu à dénoncer l'angélisme et l'inaction des uns et le laxisme des autres persuadé qu'il était et qu'il est détenteur de la seule vérité, divisant sans relâche avec d'un côté les honnêtes citoyens et de l'autre les délinquants. Garant de l'unité nationale, j'ai toujours l'impression qu'il ne cesse de diviser.

Aucun commentaire: