jeudi 18 juin 2009

Moi émois (14)



Je n'avais donc pratiquement jamais l'occasion de me prendre en main. Je ne pense pas que cela me manquait mais je crois, surtout dans ce domaine, que l'appropriation est essentiel. Il faut pouvoir prendre conscience de chaque segment de son corps pour qu'il devienne sien.

Mon sexe avait ses spécificités. C'était en premier lieu le mien, ce qui justifiait amplement le respect dont il devait bénéficier. En règle générale, notre sexe nous est personnel. Ce n'est pas comme un doigt fut-ce le majeur. Si ce n'est pas le vôtre qui se trouve entre vos doigts, la moindre des choses est de le manier avec précaution. Ce qui est essentiel est souvent fragile. Ma soeur ainée semble n'en avoir jamais pris conscience. Pendant que mon père faisait ce qu'il estimait devoir faire, il n'est jamais entré dans les détails, ma mère s'occupait de tout le reste dont, avec mes frères et soeurs, je faisais partie. Mais ne pouvant tout assumer tous les jours, il lui arrivait de déléguer, notamment à ma soeur ainée, qui était souvent chargée de me conduire aux toilettes avant d'aller dormir. Ma mère lui disait " Tu lui tiens, sinon il va en mettre partout!" Encore adolescente, ma soeur affichait un intérêt marqué pour les garçons mais pas pour son frère qui n'a pas fait naître en elle l'instinct maternel. Elle me traînait jusqu'à la cuvette et m'intimait l'ordre de sortir "mon machin". Je m'exécutais et s'en suivait le dialogue suivant, alors que je restais les bras ballant et le sexe à l'air :

- Bon alors, t'y vas!
- Maman a dit que tu devais le tenir.
Ne voyez pas dans cette phrase une quelconque perversité mais plutôt une taquinerie.
- Débrouille-toi tout seul.
Lorsqu'elle ne cédait pas je prenais plaisir à rater la cible d'émail, sachant que je ne serais pas considéré comme coupable mais victime d'une soeur à qui l'on ne pouvait rien demander.

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