jeudi 11 juin 2009

La légèreté de l'âme (provisoire)


Certains jours, le plaisir d'aligner des mots l'emporte.

Le paysage bucolique est traversé par une rivière qui lentement se dirige vers autre chose. On y accède en empruntant un chemin de terre à l'abri des champs de tournesols. Comme une presque-île herbeuse qui s'avance dans la fraîcheur du courant, la terre se laisse sculpter par le temps. Ils sont arrivés là, non pas par hasard mais peut-être pour ressentir cette impression d'être seul, d'être les seuls et pourquoi pas les derniers. Ils aiment parfois faire comme si. Ils commencent par parler, par se parler comme si les paroles leur permettaient de se débarrasser des pensées du passé. Les conversations ne s'accrochent pas à leurs mémoires. Leurs lèvres ne vibrent plus mais restent encore entre-ouvertes dans l'attente des derniers mots. Lasses, elles finissent par se sceller. Ils ne bougent plus. Ils se quittent.

La tête dans l'herbe, il regarde le ciel. Il ne voit rien. Il pourrait être un point de cette masse bleue. Il est allongé pieds et bras écartés. Il ne bouge pas. Il essaye de se glisser dans le souffle de la vallée. L'oubli porte son corps qui fait taire ses exigences. Il a juste la sensation d'exister. Sans prise, les contraintes l'ont abandonné. Il s'échappe, abandonne sa présence dans l'herbe. Il ne renonce à rien. Il aime trop les plaisirs que peut lui procurer son corps. Il aime aussi le quitter comme à cet instant. Au début, il le faisait sans y croire. Avec le temps, persuadé qu'à chaque nouvel essai il s'en échappait un peu plus, il avait le sentiment qu'un jour il réussirait. Il comparait cela à une naissance. Qui pouvait croire, quand apparaissait le crâne du nouveau né, qu'il réussirait à s'extirper. Il ne ressentait pas cette violence mais il partageait cette envie, cette confiance, la certitude qu'un jour...

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