mercredi 13 avril 2016

Shame

Deleuze. Il faut que je creuse. J'ai souvent le temps de creuser. L'autre nuit, alors que pour la énième fois j'errais aux quatre coins du lit tout en refaisant le monde, dans mon oreille gauche (l'écouteur droit ne fonctionne plus), j'entends Pierre Daninos. Outre tombe, bien sûr. Un peu désorienté, je ne parviens pas à le situer. Je creuse. Je ne réussis pas à m'extraire d'une certaine confusion. Vais-je devoir "sauter" du lit et me traîner jusqu'à l'écran? Je ne sais pas si c'est par volonté ou par paresse mais je décide de renoncer à ce que je qualifie de facilité. A l'évidence, je confonds Daninos avec quelqu'un d'autre. Je tape donc ce nom sur le clavier de mon cerveau et j'attends. En l’occurrence, les occurrences ne se bousculent pas. En attendant, je tire sur le drap qui ne tient pas en place, je redonne forme à l'oreiller qui n'en fait qu'à sa tête (quand j'étais petit, je disais où est la tête d'oreiller et ma mère me disait...). Et finissent par remonter de je ne sais où, les trois lettres NRF. Bien que ténu, je tins fermement le fil. Il me mena, je vous passe les détails, jusqu'à Bernanos. Georges Bernanos. Et là, comme vous, je me suis demandé mais comment ai-je pu confondre Daninos et Bernanos? Je ne pouvais me retrancher derrière cette consonance finale et commune. "Les carnets du Major Thomson", "Dialogues des Carmélites". Comme pour cacher ma honte, j'ai repris ma place, remonté la couette jusqu'au menton et fermé les yeux. Je n'avais plus envie de creuser pour cette nuit.  

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