mardi 19 avril 2016

Je l'ai, je ne l'ai pas

Dans la vie quotidienne, dans cette vie de tous les jours ou presque, constituée d'habitudes, d'aventures, de trucs encombrants et de tout ce que l'on oublie, une chose me fatigue. Choisir. Du matin au soir, il faut choisir. Du plus insignifiant au plus lourd de conséquences, le choix est omniprésent. Dès le matin. Je me lève, je ne me lève pas. Je vous le concède, il est des choix qui n'en sont pas. Ensuite se pose la question du choix des chaussettes, de la chemise. Et là, nous touchons du doigt la complexité du choix, vestimentaire en l’occurrence. La couleur de la chaussette doit tenir compte de celle de la chemise qui n'a pas été encore choisie. Je vous passe les détails. Vais-je changer de boxer? Je devine la grimace des nez délicats. Je ne suis pas très slip.  Ensuite, je me lave, je ne me lave pas. Trop d'hygiène nuit à la santé. Et puis tout s'enchaîne. Thé ou café? Assis à table, je baisse la tête et devine la naissance d'un bourrelet. Beurre-confiture ou pain sec? France Inter ou France Culture? Je débarrasse, je ne débarrasse pas? J'ai mauvaise conscience, je m'en fous? Je vais au bureau, je n'y vais pas? Il ne se passe pas une minute sans qu'il faille sans faillir prendre une décision.  J'écoute mon collègue Robert ou je lui dis d'aller se faire foutre avec ses histoires de cul? Je dis oui ou je dis non à toutes les femmes qui me sollicitent (fantasme)? J'ai toujours en tête cette phrase de Gide "Choisir c'est renoncer". Comme si la vie était soit 0 soit 1. Je ne choisis pas d'arrêter. Je n'ai plus rien à dire. Provisoirement.

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