jeudi 7 avril 2016

Entre deux

Un pur hasard. C'est par un pur hasard que je me suis retrouvé dans ce couloir. Enfin presque pur (ouf). J'étais venu là mais pas pour me retrouver ici, dans ce couloir. D'ailleurs, à quoi sert un couloir, quelle est sa destination. Il est destiné, sacrée destinée, à être traversé. De part en part. Une perte de place pour gagner du temps. Une sorte de no man's land pour aller de l'autre côté. Un trait d'union. Un espace public sans âme où se perdent les pas. Un passage que l'on traverse en passant, l'air de rien, sans y prendre garde. Un passage où l'on ne s'attarde pas, qu'il nous tarde de quitter. Mais vendredi, que nenni. Il allait échapper à sa condition, prendre du volume en se parant d'intimité. Il ne n'allait plus être piétiné mais emprunté. Le passage anonyme est devenu un passage musical. Des musiciens de l'orchestre de l'Opéra, disposés en fer à cheval (quelle chance), répétaient leur prochain concert. Parmi d'autres, j'ai arrêté de mettre un pied devant l'autre. Je me suis posé et j'ai écouté. J'ai écouté la musique, ponctuée de dialogues étranges, de termes qui me sont demeurés inconnus. Les musiciens progressaient vers l'harmonie. Une harmonie faite de tout petits riens, d'ajustements successifs. Tout comme je les écoutais, ils s'écoutaient et finissaient par s'entendre. Ils arrêtaient. Ils reprenaient. Ils prenaient la mesure. La mesure du lieu. La mesure d'une diversité. Et passaient les visiteurs, les malades dans leur lit à roulettes poussé par les femmes en blanc. Voilà. J'ai eu le plaisir d'assister au cheminement de la création. Décidément, j'aime ce qui est avant.

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