lundi 1 février 2016
Vers
Dans l'allée de pierre, des fils et des papiers. Dans cet endroit
granuleux qui laisse passer le temps, affleurent les petits brodés.
L'usure ajoure et laisse s'échapper le jour d'un geste de libération.
Sur la partition du temps se décline l’œuvre de nos mains. D'une
brodeuse d'histoire, l'écriture suture les vies. Elle s'égare dans le
cercle d'un jardin secret. Petits papiers, parcelles de mémoire. Les
mots s'effacent dans la couleur de la légèreté. La vie devenue silence
se gorge d'une douce violence rouge. Une vie d'endroits et d'envers
comme une litanie brûlante qui se hérisse dans un flot de paroles
blanches. Dans le vide se dissimule le sens devenu un jeu de secrets. La
pierre se lisse dans la mémoire d'un poids qui échappe à la terre. Une
pluie de mots ruissellent hors des yeux. Les mains fragilisent,
malmènent, réparent la fragile solidité de la frontière. La limite se
rompt. Devions-nous vivre un rêve. Pendant que le jour se lève. Pendant
que nos pensées s'élèvent. Devions-nous laisser s'écouler la sève. Dans
le trouble de l'air. C'est un voile dans lequel souffle le manque. Il a
la légèreté de ton sourire. Je me souviens de ton sourire. Je le
regarde encore. Aujourd'hui glacé. Le temps a passé. Je n'ai pas compté.
Je revois ce matin. Le calme dans un ciel bleu. Le vert ondulait dans
la brume. Le lointain apparaissait au détours. Une promesse indéfinie.
Tout ce temps sans toi. Je cherche toujours les mots. Pour m'approcher.
Encore plus près. Pour disparaître. Avoir l'impression qu'il est
possible de passer de l'autre côté, de soulever ce voile. Parfois, je me
dis qu'il suffirait. Un souffle nous sépare. Tout est si peu. La
fragilité du jour. Nous sommes nos ombres. Elles suivent la lumière des
allées désertées. Elles se prolongent comme des notes dans le silence.
La poussière est une prière d'éternité. La vie s'effiloche, s'éparpille
comme s'il ne restait plus que l'abandon de la profondeur. Je me perds
dans l'abîme des oublis. Les vagues s'enroulent dans le vide et
s’apprêtent au silence. Le dernier instant s'est perdu dans le fracas.
L'inlassable absence griffe mon âme. Qu'en reste-t-il? De quoi ai-je
rêvé?
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire