jeudi 25 février 2016

Saint siège

Hier, alors que le soir était proche, j'ai pris le bus. C'est un mode de transport que l'on emprunte en commun sans pour autant être ensemble. Il faut d'abord l'attendre. Attendre et prendre.  Dès que le bus est en approche, naît aux abords de l'abri du même nom une agitation qui peut laisser place à de la nervosité si l'attente s'est un tant soit peu prolongée. Certains des usagers tiennent absolument à avoir une place assise. Pour ces adeptes du transport individuel en milieu collectif, il est primordial d'évaluer avec le plus de précision possible l'endroit où s'arrêtera le bus, ce qui permet de se trouver face à l'une des ouvertures. Ceci fait, il est vital de se placer le plus près possible du bord du trottoir sans risquer pour autant d'être percuté par le bus. Il faut à l'occasion être capable de défendre sa position préférentielle car la concurrence peut être rude. Le bus s'arrête à l'endroit prévu. Il faut rester vigilant car tant que vous n'êtes pas assis, rien n'est gagné. On aborde ici le point le plus délicat de la conquête. Vous voulez monter dans le bus le plus rapidement possible mais il vous faut tenir compte de ceux qui veulent descendre et qui, parfois, peuvent se révéler très nombreux. S'il vous reste un soupçon de savoir vivre, vous allez faire un pas de côté pour les laisser passer. L'erreur du débutant car l'espace ainsi libéré est, dans le dixième de seconde qui suit, occupé par un de vos concurrents. Pour rien au monde vous ne devez bouger. Il en va de votre confort. Quitte à vous exposer à quelques frottements corporels, vous ne cédez pas un pouce de terrain. Dès que la voie est libre, dès qu'un espace vous permet de vous faufiler, vous vous introduisez dans l'habitacle. Même si vous êtes le premier, il y a une dernière erreur à éviter, à savoir l'hésitation. Si vous hésitez, un plus déterminé que vous occupera la place que vous convoitiez. Après avoir posé vos fesses, il est conseillé de regarder par la fenêtre. Ainsi vous évitez le regard des personnes âgées, des femmes enceintes, des infirmes en tous genres, des handicapés et autres assistés qui convoitent votre place qui n'est que la juste récompense de votre opiniâtreté, de votre volonté de vous faire une place en ce monde. Car vous avez compris que si ce n'est pas vous, ce sera un autre. 

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