mercredi 3 février 2016

Un peu plus bas s'il te plaît (texte à caractère vulgaro-pornographique)

- Nous les mecs, dans le fond, tu sais de quoi on a besoin?

Ainsi m'interroge mon collègue Robert. Il a l'art de me poser des questions auxquelles il n'attend aucune réponse de ma part. Je ne me donne d'ailleurs pas la peine d'en chercher une. Alors je le laisse. Je le laisse répondre à ses questions. A chaque fois qu'il entre dans le bureau, il balance une vanne de cul. Le genre de vanne qui crée le malaise. Mais bon...

- Nous les mecs ce qu'on veut c'est du cul. C'est pas difficile à comprendre. Je sais ce que tu vas me dire, que c'est pas respectueux des femmes. Détrompe-toi. Dans la société...

Il a toujours, en toute circonstance des théories adaptées à ses propos. Il me les sert. Elles n'ont pas pour objet d'alimenter le débat. Elles n'ont qu'un objectif, étayer, légitimer, crédibiliser ses propos. Elles surgissent quand il sent que ce qu'il vient de dire peut provoquer la désapprobation.

- Dans la société, nous les mecs, on a deux missions. D'abord, participer à la procréation. Tout le reste c'est de l'habillage. Je sais qu'on dit que les hommes ne pensent qu'à ça, comme si nous étions les seuls. Tu crois que les femmes ne parlent que chiffons? Mais surtout ce qu'il ne faut pas oublier c'est que depuis les temps les plus reculés de la préhistoire, nous les hommes, on a évolué. Au début, je te parle de ça du temps des grottes, on était des exclusifs de la levrette, sans savoir que ça s'appelait comme ça. Compte tenu du nombre élevé de prédateurs qu'attendaient qu'un moment d’inattention pour nous boulotter, on avait pas de temps à perdre, fallait aller à l'essentiel. Et puis, tu vas peut-être me trouver vulgaire, mais on aura beau dire, aujourd'hui encore, c'est par derrière que c'est le plus pratique. A moins d'être vraiment maladroit, t'es quasi sûr de pas rater ton coup. Et puis ya un truc infaillible pour être certain d'être dedans, c'est quand le bassin de la fille effectue un petit mouvement brusque en avant comme si elle était surprise. Et ça, c'est un reste de la femelle préhistorique parce que elle, elle était pratiquement toujours surprise. C'est génétique, ça se transmet de génération en génération. Et puis tout ça, ça a évolué gentiment. Comme on craignait moins les prédateurs de tous poils, nous les mecs on a commencé à faire preuve d'imagination. Ce qui fait qu'on a pu réaliser notre deuxième mission, à savoir procurer du plaisir. Pour le coup, je ne suis pas sûr qu'on ait fait une affaire. J'ai lu un truc là-dessus dans Femmes pratiques.


Tu vois, depuis on est condamné à les faire jouir. Je vais te dire. Moi, à chaque fois que je m'apprête à fourrer, je ressens comme une angoisse. Comme si j'allais passer un examen. Même si ça dure pas longtemps, je me demande si je vais atteindre l'objectif.  Et pourtant, tout comme il y a des mecs qui ont l'oreille absolue, moi, j'ai la queue absolue. Avec moi, à tous les coups elles touchent le gros lot.

Mais maintenant, autant, fut un temps où j'y allais franco, je ne me posais pas de question et là je peux te dire que j'en ai fait gueuler plus d'une, autant depuis quelque temps, faut respecter un protocole, faut aussi remplir la check-list des préliminaires. C'est à peine si faut pas être certifié ISO 9069 pour avoir le droit de baiser. Je vais te dire, des fois je laisse tomber. Je remballe l'engin avant forage.
Pourtant, c'est pas faute de m'être renseigné. Je lis des magazines féminins. Ces trucs en papier glacé qui entre deux pubs pour des petites culottes sont bourrés d'articles de cul du genre "Comment grimper aux rideaux avec un doigt", "Le fist-fucking et constipation, remède miracle?", "L'orgasme, mythe ou réalité?" ou "Les préliminaires, seulement le samedi soir?". Je les lis tous, de Elle à Biba en passant par Grazia. Sauf celui qui s'appelle sucrette ou socquette, je ne sais plus (il parle de Causette). Avec elles, le port de la bite est prohibée. De vraies furies. Avec elles, si t'es un homme t'es forcément coupable.
Bon, toujours est-il que je me suis rencardé sur les préliminaires. Je peux te dire que j'en connais un rayon. Autant nous les hommes on est opérationnel en trente secondes, autant elles, s'il faut en croire les magazines, il leur faut un certain temps. Et c'est là le problème. Ça varie d'une femme à l'autre. Tu vois, ça va cinq minutes les préliminaires mais le problème c'est de savoir quand c'est terminé et qu'il faut passer à autre chose. Et puis, je vais te dire, avec leur putain de zones érogènes qu'il faut absolument titiller, y a de quoi se perdre en route.

- Chaque femme est unique, lui dis-je.
 Je n'avais pas mieux.

-Tu vois, c'est une question de rencontre. Par exemple, quand j'ai envie de me faire une vendeuse, j'aime bien les vendeuses, j’achète des caleçons et je me présente à la caisse avec. L'air de rien, ça crée une proximité, un lien. Je lui fais passer un message. J'ai recours à ses conseils. Je lui demande si elle pense que c'est ma taille, que je pourrais peut-être en essayer un pour voir. Tu vois, je fais dans la suggestion.

-Je vois.

- Tu vois, l'autre jour, dans une soirée je rencontre une fille. Elle était pas canon, mais j'étais plutôt bien disposé à être son obus. Je me sentais attentif. Toujours est-il qu'à un moment, on se retrouve tous les deux. Après quelques regards et deux ou trois phrases, histoire de faire connaissance, on atterrit sur la banquette arrière de ma voiture. C'est pas des plus confortables mais il y avait urgence et puis ça m'a rappelé... Quoi qu'il en soit, je me suis astreint à mettre mes lectures en application.

- Bon bah, il faut que j'y aille (quelle phrase).

- Attends, j'ai presque fini. Donc dans la liste des préliminaires je choisis le cunnilingus. C'est du gagnant-gagnant. Soit dit en passant, j'adore la connotation scientifique de ce mot surtout quand tu sais ce que ça recouvre. Et puis, si je puis me permettre, ce truc est une sorte de deux en un. C'est jouissif et ça prépare le terrain. Quand il s'agit du cul, il faut toujours préparer le coup d'après. Bon, je te passe les détails.

- Merci.

- Tu me connais, je me donne à fond. Je prends à peine le temps de respirer. Je me concentre sur le clitoris et renonce à la phase d'exploration. Sur le coup, je suis sûr d'avoir fait le bon choix. Quand tu lis les magazines féminins, toutes les femmes sont clitoridiennes. C'est du cent pour cent. Tu ne peux pas rater ton coup. Autant le point G est une légende urbaine Cinq minutes passent et j'entends une voix qui me dit "Un peu plus bas s'il te plaît, je ne suis pas clitoridienne."

- Pas de bol, dis.


    

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