jeudi 18 février 2016

Un soir au cinéma



Il est des cinéastes dont je vais voir les films sans réfléchir. C'est reposant. Je n'hésite pas, je ne tergiverse pas. Je ne m’embarrasse pas de l'avis des critiques, j'y vais. J'y vais persuadé que je vais aimer. Ainsi hier soir, j'entre dans le hall. Je me dirige vers la caisse. J'annonce le titre du film. Je prends le ticket qui m'est tendu. Je me dirige vers l'ouvreuse, qui jamais plus ne propose d'esquimau (ça fait longtemps que je n'en ai pas mangé), qui m'indique le numéro de la salle. Je m'y retrouve et jette un œil pour voir si je distingue quelqu'un de connaissance. Je choisis le siège et prends place. A chaque fois j'ai l'espoir, toujours déçu, que nous aurons droit à un court métrage.
Donc, hier soir, après les bandes annonces, qui en 40 secondes vous transforment une daube en chef-d’œuvre, commence "Ave César" des frères Coen. Avec ou sans esquimau je ne doutais pas que ma gourmandise serait satisfaite. Pour tout vous dire, chez ces frères là, j'aime tout. Sans réserve. Même ce que je ne comprends pas. Et chez eux ça fait du volume. D'un sens, s'ils le découvraient, peut-être seraient-ils frustrés. Je suppose qu'ils prennent beaucoup de soins pour ce qui est de la mise en scène, des détails, des références, des clins d’œil et autres subtilités. Et dans une salle, un quidam passe à côté de la moitié de ce qu'ils ont voulu transmettre.
Toujours est-il que j'étais prêt à sourire, à rire, à goûter, à être béat. Tout comme un chauve qui était assis trois rangs plus bas l'a fait remarquer, je ne me suis pas ennuyé. Même si, contrairement à d'autres, je ne suis pas sensible aux cuisses de Georges Clooney, je l'apprécie quand son rôle ne repose en rien sur son physique. Il joue si bien les abrutis. Je ne me lasse pas de le v
oir dans O'Brother. Je ne passerai pas tous les autres acteurs en revue de Josh Brolin, pile poil avec sa moustache, à Alden Ehrenreich qui joue à la perfection l'acteur qui offre sa bonne volonté en guise de talent en passant par Scarlett Johansonn starlette dont le charme a fondu dans la piscine. Pour utiliser une formule pratique, tout ce qui fait le cinéma des frères Cohen était là.
Le film se termine. Je n'ai pas vu le temps passer. Et pourtant... Et pourtant, tout en regardant défiler le générique, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il manque quelque chose pour que toutes les scènes fassent un tout. Je serais bien en peine d'écrire une critique structurée, argumentée, subtile qui mettrait en évidence ce qui me laisse sur ma fin. Pourtant je ressens comme un vide, une insatisfaction. Mais peut-être suis-je quelque peu passé à côté. Ce que j'aurais de mieux à faire est de retourner le voir. Il est inconcevable que je puisse être déçu par les frères Coen.
      

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