lundi 1 février 2016

400

  Ce devait être un matin. Plus ou moins là, j'écoutais la radio. Comme souvent, mon attention s'égarait. Les phrases me parvenaient tronquées. Les propos étaient constitués pour une grande partie de formules toutes faites qui édifient le prêt à penser. Des culs-de-sac de la pensée, de la réflexion, de l'intelligence. Malgré ma résistance, il m'arrive d'ingurgiter sans réfléchir, comme si rien ne se cachait, comme si rien n'était dissimulé. Et ce matin-là, deux mots, probablement tombés par hasard dans une autre case de mon cerveau, une de ces cases qui s‘allument, qui triturent, qui débusquent, qui ne s’en laissent pas conter m’ont sorti de ma léthargie. Deux mots que j’avais fini par accepter tel quel, comme une évidence, comme une fatalité. Des clous qui s'enfoncent. Blabla le coût du travail blabla. Mais c'est bien sûr, c'est le coût du travail. Le travail, oui. Le coût, non. Le travail a un coût, c'est ça le pire. Le travail n'est plus ou n'a peut-être jamais été une richesse. Il coûte. Il coûte toujours trop cher. A tous les coups. Les coups qui s'abattent. Les abattements de coût. Le travail à l'abattage. Déraciné et mis en coupe. C'était déjà beaucoup pour un matin. Je n'avais pas prévu de me recoucher.
Tout à ma réflexion, j'avais laissé mon thé refroidir. C'était cher payé pour si peu.

Aucun commentaire: