dimanche 7 décembre 2008

Illusion




Comme une carte postale. Une carte postale que je porterais contre mon cœur, dans mon cœur. Ce n'est pas un souvenir. Une plage et un horizon qui se perd dans un ciel gris. L'impression d'être seul, sentir mon corps, mon esprit se fondre dans le temps, laisser le vent emporter ce que je ne suis pas. Un besoin irrépressible de solitude. Les liens disparaissent. Je libère chacun de mes muscles de leur contrainte, je les sens se détendre. Je suis bien. Je crois que je souris. Seul mon cœur s'active. Je me surprends à caresser le sable. Ma main glisse sur les grains qui épousent ma paume et forment une surface mouvante. L'idée me vient d'enfoncer mes doigts.

Les bras en croix, je regarde le ciel puis je ferme les yeux. J'attends que mon corps disparaisse dans le sable. Ma pensée s'accroche dans les herbes. Un seul mouvement et ma chair reprendra vie. J'ai le pouvoir de me dissocier. Ne plus être qu'un esprit. Mon corps pourrait être découpé selon les pointillés sans que je ressente la moindre douleur. Comme la fin d'une illusion, je sens mes jambes, mes bras, lourds. Je devine leur volume. Ma volonté est impuissante à les faire bouger. J'aime sentir mon corps dans ces moments où je ne lui impose rien, où je ne sollicite aucun de ses muscles. Je le laisse libre. J'écoute la mer, les vagues qui glissent sur la plage. Elles ne m'atteindront pas.

Des souvenirs se dirigent vers la surface. Pour les ralentir, j'ouvre les yeux et fixe le gris sans relief. J'essaye d'y deviner quelque chose, n'importe quoi fera l'affaire. Le ciel ne m'aide pas. Me cache-t-il un regard bienveillant? Suis-je simplement seul? Je ne sais pas ce que je suis venu faire sur cette plage. Elle est vide, déserte. La solitude n'a pas de bras pour me réconforter, la solitude n'a pas de voix pour me rassurer, la solitude n'a pas de cœur pour m'aimer.

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