jeudi 26 mars 2015

Ronchon, le gars

C'est décidé et je n'y reviendrai pas. Ce matin, j'ai décidé de renoncer. Ce n'est pourtant pas mon genre de décider et de renoncer, surtout en même temps mais là c'est ferme et définitif. Ce qui est curieux c'est que je devine comme un soupçon d'antinomie à associer décision et renoncement. Par la même occasion, je me demande si antinomie est le bon terme. Quoi qu'il en soit, ce renoncement n'est pas une procrastination qui se dissimulerait derrière une illusoire force de caractère. A ce propos, j'ai découvert qu'hier était la journée mondiale de la procrastination. Je me suis dit qu'il fallait absolument que j'écrive quelque chose là-dessus et puis...j'ai oublié. J'ai retenu d'Alphonse Allais "Ne remets pas à demain ce que tu peux faire après-demain".
J'aime traîner en route et paradoxalement je suis impatient d'arriver.
Donc, ce matin, toujours en mode grève service public, par petits sauts hertziens, je passe d'une station de radio à une autre. L'enseignant pédophile a disparu, remplacé sans peine par le crash et ses experts, ses hypothèses, ses sessions d'informations délocalisées, ses témoignages. Pas moyen d'y échapper. Au cours de mon saute-stations, j'atterris sur RMC et son Bourdin, le bourrin du journalisme, qui s'exclame "Un rebondissement dans le crash de l'Airbus". Un mystère, une énigme par jour. Tout est exploité, tout est potentiellement une information. Les morts, les débris, les familles, la douleur, le chagrin, les pleurs, le recueillement, les corps déchiquetés. Comme dans le cochon, tout est bon. Même pas levé, une lassitude m'envahit.
 Peut-être entraîné par l'élan, je poursuis mon tour d'antenne et qu'entends-je? Marine Le Pen qui clame "Aucun vote patriotique ne doit manquer au Front national" (ça m'arrache les doigts d'associer front et national, peut-on me dire ce qu'il a de national ce putain de front. Je propose bas du front). Si je dois vous avouer que le patriotisme ne fait pas partie de mes valeurs favorites, surtout cette tartarinade brandi en temps de paix, je ne comprends pas comment nous avons pu ainsi régresser et laisser ces gens s'arroger, dévoyer, souiller cette valeur dont des millions de femmes et d'hommes ont fait preuve au prix de leur vie pour défendre la liberté, l'égalité et la fraternité, pour lutter contre l'exclusion, contre la haine de l'autre, contre le mépris. Il suffit de réfléchir à ce qu'implique l'association de ces deux mots "vote patriotique" pour être...(je vous laisse le choix des mots).
Là c'était trop. Je décidai de ne plus écouter la radio en attendant la fin de la grève (ce qui, je sais, n'empêchera rien).      

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