dimanche 28 mars 2010

Pour Isabelle

Pour satisfaire Isabelle, que ne ferais-je pas pour satisfaire Isabelle, voici une suite à ma chronique sur Jean Ferrat.

Adolescent, mon esprit était occupé par le romantisme. Le romantisme amoureux et le romantisme révolutionnaire. Tout les bouleversements, toutes les questions voyageaient, se percutaient, dévastaient celui que je tentais d'être. Les sentiments qui naissaient étaient comme des bulle d'acide. Elles éclataient et rongeaient mon coeur. Incapable ne serait-ce que de faire deviner mes troubles, de façon somme toute classique, je me réfugiais en moi avec ce que l'on pourrait appeler des talismans. Les chansons de Jean Ferrat faisaient partie de ma collection.

Une de mes chansons fétiches fut pendant longtemps "Que serais-je sans toi?".
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?


J'ignorais que dans cette chanson Jean Ferrat s'adressait non à une femme mais au parti communiste. Je chantais ce refrain qui me berçait et accompagnait mes marches solitaires pendant lesquelles je m'exaltais à l'idée d'un sourire ou d'une caresse. Mais qu'on ne s'y méprenne pas. Si je souhaitais cueillir le lys dans la vallée, je rêvais aussi de faire jaillir la sève qui irriguait la jeune pousse que j'étais.

Pendant mes périodes d'intense romantisme teinté d'un désespoir définitif, je chantais "Aimer à perdre la raison". C'était pour moi l'ultime chanson d'amour. C'était à la fois un baume, une caresse, un réconfort et une souffrance qui me révélait l'inaccessible

Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
A n'avoir que toi d'horizon
Et ne connaître de saisons
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison


A cela se mêlait la révolte contre tout. En moi grondait la révolution mais toute porte close. Je chantais la commune avec le sentiment de m'échapper des rangs.

Il y a cent ans commun commune
Comme une étoile au firmament


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