mercredi 18 novembre 2009

Toux et son contraire

Oui, je tousse. Je viens de lire les propos de Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'emploi lors d'une conférence de presse. Il nous informe que "Le pire de la crise est passé pour l'emploi en France et le nombre de destructions de postes devrait être inférieur à 400.000 cette année, bien en deçà des prévisions de l'Insee" Insee qui en prévoyait 500 000. C'est donc un succès? Oui et non. Oui car cela aurait pu être pire. Non parce que l'exécutif a depuis le début de la crise mis en doute la fiabilité des prévisions économiques de l'Insee. Il ne parait donc pas judicieux de mesurer ses résultats à l'aune de données en lesquelles on n'a pas confiance.

Ensuite il souligne "que l'augmentation du chômage en France, en hausse de 22% de janvier 2008 à septembre 2009, était "sans commune mesure" avec la flambée observée dans d'autres pays, notamment au Royaume-Uni et en Espagne où le nombre de demandeurs d'emplois a bondi de 92% et de 64% respectivement depuis le début de la crise." Il est nécessaire d'appuyer sur la touche rewind. Il y a peu, notre président et sa majorité nous expliquaient que le chômage dans notre pays était le résultat d'un marché du travail trop rigide, entravé par un code du travail auquel personne ne comprenait plus quoi que ce soit. Il fallait moins d'Etat et faire confiance au marché. Il fallait, quitte à ce que cela soit un peu douloureux au début, introduire de la souplesse, de la flexibilité, de la réactivité. A l'instar de la jouissance en mai 68, il fallait que l'on puisse embaucher et licencier sans entrave. On importa la flexsécurité.

Et que fait Laurent Wauquiez aujourd'hui? Il compare les résultats de la France avec ceux de la Grande-Bretagne dont la législation du travail est l'une des moins contraignantes et qui correspond le plus à ses voeux. Il se félicite en quelque sorte de la rigidité du marché du travail français. Si l'on poursuit malgré tout le raisonnement qui fut le sien il y a encore peu de temps, ce qui est important, ce n'est pas le nombre de personnes qui ont perdu et perdront leur emploi mais plutôt le temps qui leur sera nécessaire pour en retrouver un. Quoi qu'il en soit, Laurent Wauquiez compare deux marchés du travail qui ne peuvent l'être. Dans notre pays, l'Etat consacre un budget conséquent pour préserver l'emploi, pour en créer dans le secteur non-marchand. En Grande-Bretagne l'Etat n'a qu'une politique de l'emploi, celle du marché. Les comparaisons effectuées par Laurent Wauquiez sont pour le moins contestables et manquent totalement de la plus élémentaire rigueur. La comparaison systématique et à tout propos s'apparente à un manque de confiance en soi et conduit à se satisfaire de la médiocrité.

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