vendredi 20 novembre 2009

Je m'en souviens

Le soleil se couche mais la nuit tombe, faisant une croix sur un jour qui n'est plus. Si chaque jour avait sa tombe, combien de pierres tombales resteraient lisses de souvenirs? Pendant mes fréquentes et longues périodes de désoeuvrement, je me promène dans les allées que bordent les tombes. Je m'arrête devant certaines et j'essaye de me souvenir. Je ne manque pas de souvenirs. Comme vous, j'en possède un stock. Je n'ai jamais pris soin de les ranger, de les classer. Parfois je me dis qu'il serait bien d'établir une correspondance tombes/souvenirs. Je renonce toujours rapidement à cette idée qui n'a pas de sens. Certaines pierres tombales ne pourraient accueillir tous les souvenirs de leur journée.

Les souvenirs viennent de loin, ils évoluent, se transforment, changent de signification. Je me vois mal assurer le suivi de mes souvenirs, les remodeler, me préoccuper de leur actualité. Certains de mes souvenirs sont comme des livres que je relirais sans cesse. Tout en les relisant, il m'arrive de découvrir des signes qui m'avaient échappé comme si ils étaient tracés d'une encre que seul révèlerait le temps qui passe.

Tous les souvenirs nous sont personnels. On parle de souvenirs communs mais les souvenirs sont comme les mots qui ont des synonymes. Deux souvenirs peuvent paraître approchants mais jamais se confondre. Nous étions au même moment au même endroit. Nous sommes persuadés d'avoir vu les mêmes choses, d'avoir entendu les mêmes mots. J'ai oublié la suite.

Le jour se lève de plus en plus tard. Chaque matin je l'attends mais je finis par partir sans lui. Je peste mais je sais qu'il finira par me rejoindre et me retrouvera où que je sois. Ce matin, les nuages le rappellent à la modestie.


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