jeudi 19 novembre 2009

A qui parlent-ils?

C'est avec attention et bienveillance que j'ai lu ce qui à l'époque était le dernier discours en date de notre président de la république. Il avait pour sujet l'identité nationale. A l'origine, il était prévu que ce discours porte sur l'agriculture. De la terre, des racines à l'identité nationale il n'y avait que les papiers à changer. Je ne vous le cacherai pas, j'ai fait l'effort de le lire. Ce fut un véritable effort. Pour tout vous dire, je ne sais pas à qui s'adressait ce discours. Manifestement, son auteur a tenu à nous faire savoir qu'il avait une culture solide, somme toute assez classique. Sur la forme, ce texte m'a paru lourd comme de la crème au beurre, ampoulé sans pour autant nous éclairer, prétentieux, se lançant dans une laborieuse imitation du lyrisme des écrivains qu'il pensait glorifier. J'ai ressenti chaque paragraphe comme un clou que le rédacteur tentait d'enfoncer dans mon cerveau.

A la réflexion, ce discours ne s'adressait à personne. C'était un simple exercice de style, rédigé pour le plaisir solitaire de son auteur. Les émotions qu'il tente laborieusement de traduire sont figées, comme vitrifiées par le poids d'un passé qu'il nous rend étranger, écrasant. Ce discours est une démonstration mais son auteur semble si peu sûr de lui qu'il se dissimule derrière une multitude d'exemples, de noms, de lieu censés être les exemples d'une France dont nous avons ordre d'être fier. Peut-être suis-je excessif mais le ton péremptoire, donneur de leçon nous y contraint. Plutôt que de me libérer, de me donner envie, ce texte m'écrase de ses certitudes. L'auteur du discours écrit "Pour nous Français, l’identité nationale ne saurait être une chape de plomb intellectuelle et morale pesant sur les consciences". C'est pourtant l'impression générale que me donne ce discours.

Si je ne veux pas débattre c'est que j'ai peur, me dit-il. Il y a dans ce discours les germes de l'exclusion, cette façon de constamment me dire que si je ne partage pas son opinion je suis du mauvais côté de la ligne. Cette ligne qu'il a tracé d'une main ferme et définitive.Une nouvelle pensée unique est née. A l'évidence le rédacteur de ce discours sait ce qu'est la France. Il connait cette célèbre France profonde, cette France enracinée dans son histoire, dans ses traditions, cette France fière, humble et éternelle et qui ne saurait mentir. Cette France belle comme le journal de 13h sur TF1. L'auteur de ce discours semble posséder une telle conscience et une telle certitude de ce qu'est l'identité française que l'on doute de la pertinence d'un quelconque débat sur le sujet.

Voilà. Une chronique ne permet pas de traduire tous les sentiments que m'inspire ce discours, mais à la demande générale je pourrai lui donner une suite. Je terminerai sur ce passage du discours A force d’abandon nous avons fini par ne plus savoir très bien qui nous étions.A force de cultiver la haine de soi nous avons fermé les portes de l’avenir. On ne bâtit rien sur la haine
de soi, sur la haine des siens et sur la détestation de son propre pays.
pour déclarer à son auteur que je n'ai rien abandonné, que je sais qui je suis, que je ne me hais pas, que je n'ai fermé aucune porte, que je ne hais pas les miens et que je ne déteste pas mon pays. Je suis intimement convaincu que nous sommes nombreux dans ce cas.

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