samedi 14 novembre 2009

Moi émois (20)



Mes frères furent donc mes premiers points de comparaison, mes premiers mètres-étalons. La comparaison. Quelle idée de vouloir comparer. Que fait-on une fois que l'on a comparé? On évite toujours de se fier à la première comparaison quand elle est défavorable. Il ne faut pas hésiter à demander une contre-expertise.

Je ne sais pas si nos amies les filles ont cette même obsession (que comparent-elles?) mais le lieu rêvé pour un garçon, le temple de la comparaison restent et demeurent les douches communes et collectives après le sport. Ce sont les regards furtifs, les yeux qui évaluent, jaugent celui qui, il y a peu, était un partenaire, un coéquipier. Sous la douche commence une autre compétition à laquelle tous ne veulent pas participer. Les forfaits, qui sont récurrents, trouvent toujours de légitimes raisons dont personne n'est dupe. Il y aussi ceux qui coupent la poire en deux, dissimulant leur nudité à l'aide d'une serviette qu'ils n'enlèvent qu'une fois bien à l'abri de la vapeur.

Et pourtant, quoi de plus vain, de plus stérile que cette comparaison. Nous savons bien qu'un sexe au repos, qui plus est après un effort en plein air et parfois confronté au froid, est comme un iceberg. Il ne préjuge en rien de ce qu'il sera. Pour ce qui me concerne, étant le seul à savoir ce que je savais, je n'ai jamais redouté quelque regard que ce soit. Malgré tout, la possibilité qui m'était offerte, mais qui ne dura pas, de regarder ce qui se passait entre les cuisses de mes frères ne manquait pas de me laisser perplexe.

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