lundi 23 novembre 2015

Pousse

Dans le bureau dans lequel j'officie, se trouve sur ma droite ce que l'on pourrait appeler une baie vitrée si elle ne se trouvait pas à un cinquante du sol et découpée en quatre fenêtres. Quoi qu'il en soit elle permet un bon ensoleillement l'après-midi, ce qui me fait penser que son orientation ne doit pas se situer loin de l'ouest. Il est des jours, peut-être tous les jours, où mon regard se perd dans ce rectangle de lumière. Au premier plan, des murs et des appartements qui le matin brièvement prennent vie. Au deuxième plan, une perspective arborée dans laquelle je prends la fuite. Elle est composée de trois arbres. Pendant l'été et le printemps, on ne peut les distinguer. Ils composent une forme verte qui ondule dans le vent. D'où je suis, quand j'y suis, je ne peux distinguer leur tronc. L'autre jour, alors que je m'abîmais dans mes rêveries de fin d'automne, une constatation me sort de ma torpeur. Je découvre pour, me semble-t-il, la première fois que ce qui à la belle saison ne semblait faire qu'un est en réalité composé de trois arbres. Une sorte de trinité végétale. Cette découverte ayant aiguisé ma curiosité, je m'attarde dans leur contemplation. A ma grande surprise, je constate dans un premier temps, que ces arbres sont de tailles différentes. Et ensuite que celui du milieu paraît chétif par rapport aux deux autres. De plus, il est penché. Ceci montre qu'il est obligé de se battre pour avoir accès à la lumière et qu'il ne peut compter sur la solidarité de ses voisins. A terme, plus faible il ne pourra se défendre contre les parasites et il sera étouffé par les deux autres. Je ne suis pas insensible à la souffrance des arbres, je suis pour que chaque arbre puisse vivre en harmonie avec son milieu. Alors, que dois-je faire? Créer un comité de soutien? Abattre les deux autres? Ou dois-je dire comme Victor Hugo "Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front, ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime." J'hésite.

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