samedi 23 janvier 2016

Un soir

Hier soir. Hier soir après un matin qui s'était prolongé. Nous avions décidé de nous réunir. Il y a trois semaines, la date, l'heure et le lieu et l'objet avaient reçu l'assentiment de tous. Aucune, absolument aucune réserve n'avait été émise. Une planification teintée de professionnalisme. Un accompagnement roboratif était souhaité. Bien sûr, au cours de ces semaines me furent posées des questions du genre "Au fait, c'est quand la réunion?" "Dis-moi, je ne suis plus très sûr, c'est à quelle heure?" "En définitive, c'est chez qui?". Me fut épargnée la question de savoir pourquoi nous nous réunissions. Et bien, malgré tout cela, malgré quelque mauvaise langue, tous arrivèrent à l'heure et ce dans les meilleures dispositions.
Comme souvent en pareille circonstance, après nous être mutuellement offert quelques manifestations tactiles confirmant notre proximité culturelle, nous parlâmes (niveau de langage soutenu, ça fait drôle) de choses et d'autres. Nous avons parfois besoin d'un peu de temps pour oublier de penser à ce que l'on va dire. L'étape suivante consista à disposer sur la table les victuailles que tout un chacun avait ramenées. Tout comme les bouches, les verres se remplirent puis furent vidés à l'instar des bouteilles qui ne furent plus de niveau. N'hésitant pas à parler la bouche pleine, nous abordâmes le sujet de la réunion. J'écris "nous", mais de fait, "ils" serait plus judicieux compte tenu du caractère hautement technique et professionnel des décisions à prendre. Je me contentai d'observer et de manger. Après écoutes, hésitations, objections, mises au point, changements d'avis, ajustements, perplexité, à ma grande satisfaction, les pros firent leurs choix. Chacun des titres choisis fut prolongé d'un tiret. Et puis...
Et puis les instruments furent décrochés, sortis des tiroirs. D'abord on accorda, on grattouilla, on s'accorda, on souffla. Dans la pénombre d'une intimité respectueuse, les mélodies me rendirent mon humanité. D'un sourire, je les remerciai d'être ailleurs. L'air de rien...    

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