dimanche 17 janvier 2016

Modestie

C'était un soir. Une fin de soirée. Rien ne pressait. Il restait du temps. Il restait du temps pour parler. Dans l'ensemble, parler est ce que nous faisons le mieux, parfois pour le meilleur. Les paroles allaient de l'un à l'autre, traversaient, s'interceptaient, donnaient naissance à d'autres.
- Ah salut. Je me disais bien que je t'avais aperçu, mais tu avais l'air très occupé. Ça va?
- Oui. Et toi?
Rien que de très banal en somme. L'un des deux interpelle celui qui est en train de partir.
- Dis, tu nous écris un truc sur la soirée.
Celui qui allait partir se retourne et sourit. La zone satisfaction de son cerveau vient d'être stimulée.
- Tu lis ce que j'écris?
- Oui. Je ne mets pas de commentaires mais je lis.
Toutes les zones clignotent. L'égo ronronne.
- Et tu aimes?
- Oui j'aime bien. Pas tout mais j'aime bien.
- Pas tout?
Manifestement, il ne comprend pas que l'on puisse ainsi émettre une réserve. Alors son interlocuteur, gentiment prend le temps de lui expliquer.
- C'est comme la musique. Il y a des morceaux que j'aime et d'autres que je n'aime pas. C'est une question de sensibilité, de contenu. C'est ainsi. Ça ne s'explique pas.
Chez l'autre, plus rien ne ronronne. Ce que l'on vient de lui expliquer n'est tout de même pas compliqué.
Espaçant de façon conséquente ses mains, son interlocuteur renouvelle sa demande.
- Bon, tu nous écris un texte la-dessus. A plus.
L'égo en berne, il sort dans la nuit. Il monte dans sa voiture. Met la clé de contact. Il se regarde dans le rétroviseur et finit par sourire.
- Restons modeste.
Il démarre. Fait marche arrière et disparaît.

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