vendredi 1 mars 2013

Pas de fumée (3)

 " Ce fut effectivement différent. Curieux, je pris le bus et me rendis donc à l'atelier. En chemin j'essayai d'imaginer ce qui avait bien pu créer cette différence. Mes premières recherches me conduisirent de façon attendue vers des pratiques peu usitées, exotiques et autres. Mais, compte tenu des limites de mon imagination et connaissant la réserve de Magritte, j'abandonnai rapidement cette voie. Quoi qu'il en soit, il n'entrait jamais dans les détails. J'étais une sorte de confesseur à qui il était inutile d'en dire trop. L'aveu était comme l'eau sale d'une lessive qui aurait fini dans l'égout de l'oubli.
Laissant mon imagination au repos, je regardai les passagers hommes. Ils étaient sept comme les péchés capitaux . C'est pourquoi j'ai retenu leur nombre. Je me demandais combien aimaient leur femme de la même façon que Magritte. Il aimait à dire que l'amour n'était qu'une illusion, qu'il pouvait s'absenter puis revenir, que ce n'était pas un courant continu, que l'important était souvent ce qui ne se trouvait pas sur le tableau. Je ne sais pas pourquoi mais je n'avais jamais rien à répondre. Il n'en attendait certainement pas plus.
Je descendis du bus, montai l'escalier et entrai sans frapper. Il était là, face à la porte, assis, les mains vides. Je vis dans son regard que ce devait sans aucun doute être différent."

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