samedi 2 mars 2013

Le bâton

Le chemin traverse la forêt. Après quelques pas, la lumière se fait plus ténue. Une clarté ombreuse devient jour. L'horizon laisse deviner une énigme. Le pas devient plus lent comme si le corps pénétrait une épaisseur qu'il ne peut distinguer. Il abandonne ses pensées. Le feuillage mouvant protège du ciel. Il laisse passer quelques formes lumineuses qui apaisent. Rien. Rien ne motive cette présence. Les frôlements lui font prendre conscience de sa solitude. Feuilles et brindilles se mêlent dans la couleur. Elles disparaîtront, détachées de l'accumulation des saisons. Elles s'enfoncent, laissant l'oubli d'une odeur. Persiste un mélange de pourritures. Comme des entrailles à l'air libre. Sur le côté, un trou dont il ne peut distinguer la profondeur. Il quitte le chemin et s'en approche. Recouvrant le sol, le lierre entrave sa marche. Il trébuche. Des coquilles d'escargots craquent sous ses pieds. Parvenu au bord de ce qui ressemble à un effondrement du sol, il regarde l'eau qui stagne au fond. Elle offre une surface noire. Aucune onde. Ce ne pourrait être que de la boue, la dégradation d'un passé. Émerge en son centre ce qui semble être les restes d'une branche qui autrefois portait des feuilles. Elle finira par être engloutie. Il quitte ses vêtements, abandonne la recherche de l'intérieur et glisse vers le liquide stagnant. Il se laisse aspirer par l'épaisseur. Il s'offre un dernier souffle et disparaît. Remontent les bulles d'un dernier souvenir.     

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