lundi 3 mai 2010

Indignes



Vous aurez sûrement remarqué que nous avons plusieurs doigts et qu'ils sont de tailles différentes. Si chacun d'eux joue un rôle spécifique dans notre vie quotidienne, ils peuvent, en certaines circonstances, être interchangeables. Malgré tout, si on y réfléchit, on constate que l'annulaire ne sert pas à grand chose et encore moins si l'on n'est pas marié. En revanche, l'index est à la main ce que la lame est au couteau suisse. Sa forme, sa longueur, sa circonférence en font un précieux allié en maintes circonstances. Il peut se glisser dans de nombreux endroits, nous servir d'éclaireur, nous soulager.
Mais l'index peut aussi, à son corps défendant, traduire la violence, servir à exclure, à désigner à la vindicte populaire. C'est l'index qui exclut, qui fouille, qui exhibe, qui exprime le bon droit, qui condamne du haut de sa bonne conscience, de sa certitude.

Cette fois ci, l'index a retrouvé les coupables. Les parents dont les enfants ne vont pas à l'école. Une proposition de loi du député UMP Eric Ciotti vise à suspendre les allocations familiales aux parents d'un enfant absent de l'école de façon répétée. Xavier Bertrand a déclaré à propos de cette proposition qu'il trouve par ailleurs "efficace", avant même qu'elle soit votée, et équilibrée "Je veux témoigner de tout le soutien du Mouvement Populaire (UMP)" Il est à noter que l'acronyme ne correspond plus au nom du parti. Il ne restera bientôt plus que le P.

Doutant peut-être que le populaire soit en mesure de comprendre, il s'adresse à nous par slogans interposés. "fermer les portes de l'école à son enfant, c'est forcément l'envoyer dans le mur de l'échec". "L'instruction, c'est la vocation première de l'école. L'éducation c'est la vocation première des parents" Il a du lire les oeuvres complètes de Françoise Dolto.

M. Ciotti, l'auteur de la proposition n'est pas en reste. Il explique qu'il y a "carton jaune" avec un "avertissement de l'inspecteur d'académie après quatre demi-journées d'absence dans un mois". Et si on constate à nouveau "plus de quatre demi-journées d'absence, alors là, il y a carton rouge et suspension des allocations familiales". Il précise "l'absentéisme pouvait être la première marche d'un parcours délinquant". Il finit par "Je fais confiance à la communauté éducative pour appliquer les lois de la République. C'est pour cela que nous avons souhaité que l'inspecteur d'académie soit l'acteur principal qui va activer ce dispositif". "Il est en lien avec les parents et avec le enfants" Si l'on connait un tant soit peu les rouages de l'Education Nationale, on sait que l'inspecteur en question ne voit que rarement les parents et jamais les élèves. Vous aurez noté l'ironie et la défiance que contient l'expression "Je fais confiance à la communauté éducative pour appliquer les lois de la République."

Nous allons donc punir les parents. Nous, car la loi est votée en notre nom. Puisque la suppression des allocations est censée résoudre le problème, il ne peut s'agir que de parents pauvres dont la progéniture est nombreuse. Donc le mauvais parent est pauvre, il a beaucoup d'enfants, il est incapable de s'en occuper, il est irresponsable, est probablement au chômage, se lève à pas d'heure, vit pour tout ou partie d'allocations diverses et variées et il habite en banlieue de préférence en Seine Saint Denis. C'est ce que l'on appelle avoir une politique de la famille.

Laissons le dernier mot à notre président "Désormais, la décision de suspendre les allocations familiales en cas d'absentéisme scolaire injustifié et répétitif d'un élève devra avoir un caractère systématique"

Juste pour dire, on remarquera que le chef de l'exécutif dicte les propostions de lois.


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