vendredi 11 décembre 2015

Quand même

Hier matin, mû par la force de la nécessité, je pénétrai dans le métro, passant du quai à l’habitacle. Les écouteurs sur les oreilles, je me confinais dans un isolement. Il me restait les yeux pour maintenir le contact avec mes congénères (j'aime bien ce mot, allez savoir pourquoi). J'ai à de nombreuses reprises constaté qu'il ne me suffit d'avoir les yeux ouverts pour voir. Rien là que de très banal mais qui chaque fois m'étonne. Où vont se nicher toutes ces choses, tous ces visages que j'ai certainement vus sans m'en souvenir. En ce matin d'affluence où les corps se côtoient en évitant de se toucher, tout en écoutant "Normal person" d'Arcade Fire, je regardais. Je regardais les autres. Je regardais leur visage. Je suis toujours étonné par leur diversité. Les visages sont des œuvres d'art, abstraites ou figuratives, façonnés dans des moments d'émotion. Il serait dommage de s'en priver. Je les regardais donc. Peut-être avec trop d'attention. Une jeune fille m'a rendu mon regard. Il m'a semblé déceler dans le sien de la gêne. M'a-t-elle pris pour un gros dégueulasse, un pervers. Je me suis retrouvé gêné à mon tour et j'ai détourné le regard comme un coupable. Je ne savais plus quoi regarder. Me parvenait dans les oreilles "The great gig in the sky".  

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