jeudi 28 juillet 2011

Il est temps

Ainsi dans l’eau j’étais plus présentable. Je ne me voyais pas. Tout au plus pouvais-je me souvenir. Au début, pour assurer le coup, j’avais fini par mettre du bain moussant. La mousse finissait par disparaitre comme neige au soleil mais l’eau conservait une teinte bleutée. Pour une grande part, je restais dissimulé. A part la tête, j’étais un pur esprit. Comme lorsque j’étais enfant, j’essayais de me persuader que si je pensais très fort à quelque chose, cela pouvait devenir réalité. J’imaginais ma tête flottant et se déplaçant sur l’eau, quittant mon cou comme un bateau qui s’éloigne du quai où il était amarré. Si je ne voulais plus le voir, mon corps me procurait encore du plaisir. La séance du bain en était un. J’essayais de me glisser le plus lentement possible dans l’eau. Je laissais mon esprit vagabonder. Je me concentrais sur les sensations que me transmettait ma peau. L’eau prenait possession de ses plis. Mentalement, je passais en revue chaque partie de mon corps. Soutenu par Archimède, mon sexe montait vers la surface qu’il n’atteignait jamais. La chaleur me détendait. Chaque muscle se laissait aller. Du temps de ma vigueur, il m’arrivait le matin de sortir nu dans le jardin. Je laissais le froid me saisir. Frissonnant, je retournais dans la chambre. Soulagé qu’elle soit encore endormie, je me lovais contre elle. C’était chaque fois le même plaisir de la sentir me réchauffer. Comme surpris par la fraîcheur empruntée au matin, son corps se raidissait une fraction de seconde.

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