vendredi 29 juillet 2011

Il est temps (2)

Je n’acceptais plus d’être représenté par mon corps. Si j’avais pu je l’aurais répudié, je l’aurais abandonné sur le bord de la route. Nous n’avions plus rien en commun. C’était comme si il prenait un malin plaisir à se dégrader de plus en plus vite de jour en jour. Pendant des années je l’avais dirigé. Il m’obéissait sans hésiter, allant parfois même jusqu’à devancer mes désirs. Je n’avais jamais senti chez lui la moindre réticence. Sans que je puisse me souvenir quand cela a commencé j’ai remarqué quelques signes que j’ai interprétés comme des faiblesses, des hésitations ou une mauvaise circulation de l’information entre lui et mon cerveau. Le temps passant, j’ai pris conscience que je ne le connaissais pas. Nous ne nous étions jamais quitté, nous avions toujours tout fait ensemble et j’en étais à me demander s’il ne s’était pas contenté de faire semblant. Même si il m’était arrivé de parfois le pousser à bout, il n’avait jamais manifesté la moindre mauvaise humeur. Pour tout dire, je le sentais récalcitrant. Il me fallait de plus en plus de volonté pour obtenir quelque chose de lui. Même dans ce cas, ce qu’il me donnait n’était pas toujours à la hauteur de ma demande. Je ne saurais pas l’expliquer, mais j’avais, en certaines occasions, la sensation qu’il se moquait de moi, qu’il essayait de me faire comprendre que le pouvoir était entrain de changer de main.

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