mercredi 14 octobre 2009

Séparation

"J'espère que la justice sanctionnera, et durement" Ainsi s'est exprimé notre ministre de l'intérieur. Ce type de phrase est devenu banal. Il ne fait jamais l'objet d'une quelconque remarque. Comme je refuse que ce silence perdure, je m'y colle.

Samedi, un certain nombre de personnes, autre version de "groupe de jeunes d'ultra gauche", se livre à des dégradations dans le centre ville de Poitiers. Le dimanche, les représentants locaux de l'ordre expliquent qu'ils ont été pris de court, que les casseurs étaient très organisés et nombreux. Déjà M. Hortefeux annonce sa venue. Le lundi, faute d'avoir pu assurer la sécurité des personnes et des biens, mission principale pour laquelle il a été nommé, le ministre est sur zone. Après les phrases convenues sur le non respect des règles de la démocratie, notion que l'on adapte au gré des circonstances, notre ministre ne peut s'empêcher, après beaucoup d'autres en d'autres temps, d'en appeler à la justice, à sa sévérité. Il émet le souhait d'une condamnation.

L'Etat ayant failli, notre ministre procède à un glissement des responsabilités. La justice se trouve contrainte de sévir, de punir, de condamner. Dans l'esprit de notre ministre, si la justice ne condamne pas, elle n'aura pas assumé ses responsabilités. "J'espère que la justice sanctionnera, et durement" Par ces propos, le ministre affirme, comme une évidence, la culpabilité des personnes interpelées. Elles ont été arrêtées, elles sont donc coupables. La présomption d'innocence, qui est une protection à laquelle chaque citoyen a droit, leur est refusée. Comme une évidence, il ne saurait y avoir d'alternative à la culpabilité. On dicerne un "si ce n'est toi c'est donc ton frère".

En utilisant cette méthode qui consiste à passer outre le questionnement pour imposer la certitude du bon sens, notre ministre ne respecte pas l'indépendance de la justice. M. Hortefeux exprime une conception de la justice qui repose sur l'apparence,l'immédiateté, l'émotion, l'évidence. Il ne semble pas mesurer sa responsabilité lorsqu'il suggère, par ses propos, que la justice est au service de l'exécutif. Nombreux sont nos représentants qui s'expriment ainsi et tentent d'utiliser le pouvoir judiciaire au mieux de leurs intérêts immédiats. Notre société est régie par des principes, des lois que nous nous devons de respecter et de défendre.

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