mardi 27 octobre 2009

C'est fini

J'ai commencé à écrire le texte qui suit à l'occasion de mon départ. Mais mon départ ayant été retardé, j'ai continué à écrire tout en perdant de vue le sujet initial.

C'est décidé, il n'y a pas à y revenir, je vais partir. Le troisième départ. C'est le bon car le dernier. Il y a toujours une première fois, qui rentre rarement dans les annales, faute de place, faute d'expérience. Et vient un jour la dernière fois. La première et la dernière fois se confondent parfois. Combien de fois s'est-on dit que c'était la dernière fois, armé d'une volonté que l'on ne se connaissait pas et qui, manifestement trop grande pour nous, nous tombait sur les chevilles et nous faisait trébucher sur notre résolution. La dernière fois est un trait définitif et rageur tiré sur le passé. Nous savons pourtant que s'accorder une dernière fois est un signe de faiblesse. Nous essayons de l'imaginer comme un défi, comme une bataille gagnée avant d'avoir été menée. La dernière fois est un caramel mou qui fond au soleil.

J'ai oublié la première fois que j'ai décidé que ce serait la dernière fois. Avant d'arrêter de fumer, inconscient, j'avais acheté la dernière cartouche de Gitanes. Je voulais un compte à rebours, un sablier que j'aurais appelé un tabatier. Je regardais les paquets quitter un à un l'enveloppe bleue et blanche en me disant "Il m'en reste encore neuf, encore huit, encore..." Cet encore avait un goût d'éternité. Je me donnais le droit à la dernière cartouche, au dernier paquet, à la dernière cigarette, à la dernière bouffée, à la dernière inhalation de cette fumée qui pour la dernière fois allait envahir mes poumons et y déposer les derniers atomes de goudron. J'ai vu arrivé le dernier paquet avec anxiété. Je sentais déjà, sans me l'avouer, que la dernière fois allait se prolonger.

1 commentaire:

Stephane A a dit…

Hello

Je suis toujours là. Pas toujours envie de laisser un commentaire. J'aime particulièrement ce style de billet. Je tenais à ce que tu le saches.
@+