lundi 3 septembre 2007

Robert et moi (10)

La dernière fois je vous ai laissés à la sortie de chez le disquaire. Je vous ai joué le couplet de la nostalgie du vinyle. Comme il est fort probable que vous n'avez pas écouté un vinyle depuis la mort de John Lennon, je me suis dit que j'allais, pour de vrai, me replonger dans les années vinyle pour réaliser un reportage qui pourrait s'intituler "Dans l'ombre du sillon ou le goût de la galette."
Il me fallait d'abord trouver les disques. Je suis allé dans le débarras. Coincé entre un vieil aspirateur, que l'on garde au cas où, et un lit de bébé, qui n'a rien à voir avec le cas où, ils étaient là, dans la poussière, assoupis, attendant peut-être que je dépose un baiser sur leur face, A ou B.

Je dois vous avouer que j'avais un peu honte de les avoir abandonnés ainsi dans l'ombre, de les avoir transformés en souvenirs, de ses souvenirs que l'on ne raconte même pas à ses enfants. Je les ai d'abord regardés et je me suis dit "A quoi bon". J'allais au devant d'une déception. C'est comme rencontrer un amour d'enfance. On le regarde et on se demande comment on a pu...
J'ai malgré tout décidé d'aller jusqu'au bout. Comme pour renouer un dialogue que la modernité avait interrompu, j'ai cédé à la nostalgie. Après avoir murmuré "33", je me suis approché de l'étagère, je les ai pris dans mes bras et je les ai portés jusqu'au salon. Je les ai posés sur un fauteuil, pas trop près des cd pour éviter toute provocation, leur procurant ainsi le confort, symbole d'une gloire passée, en signe de reconnaissance.

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