vendredi 3 juin 2016

Couloir à cordes

L'hôpital, qui peut être un lieu de fin des temps, semble parfois hors du temps. Les jours, comme sans lendemain, se succèdent anonymes et sans souvenir. Pourtant, je suis certain que l'autre jour était un vendredi. Un vendredi matin. Un vendredi matin musical. Durant la matinée, cinq musiciens, dont trois musiciennes, se sont accordés pour jouer ensemble dans les couloirs de plusieurs services. Ces longues enfilades faites de portes, de murs, d'attentes sont devenues des lieux où passait la musique, musique qui apportait une note de légèreté, transformait l'attente en partage. Elle portait bien au-delà. Chacun prenait son temps, le donnait, le partageait. Et puis, sous le charme, le temps a fait une pause, s'est fait discret. Les regards suivaient le mouvement des archets. Les morceaux finissaient par faire un tout. Chacun pouvait oublier ce qu'il voulait, se laisser porter ailleurs, plus loin, plus près.
Discret mais joueur, le temps est passé entre les pupitres. Le matin était déjà un souvenir. Les étuis se sont à nouveau ouverts pour accueillir les instruments. Mais ils reviendront. 

Aucun commentaire: