mercredi 4 février 2015

Négligence

L'autre jour, ce devait être un matin. Sans m'excuser pour la tenue, je sortais de la douche. A vrai dire, comme chaque matin, j'étais seul dans la salle de bain. A la réflexion, j'ai toujours trouvé une exclusivité partagée entre salle de bain et brosse à dents. Comme si j'avais le temps, j'ai laissé les gouttes vivre leur vie et céder aux forces de l'attraction. Je me suis placé devant la glace et me suis regardé sous toutes les coutures comme si j'étais la créature du célèbre docteur. Comme un matériau rendu flou par la vapeur qui s'était précipitée sur toutes les surfaces, je me distinguais à peine. Se devinait une forme qui paraissait sans angle. L'absence de reflet a stimulé ma pensée. Une occupation du temps. Je me suis dit que le corps restait à découvrir. Nous avons pris l'habitude d'aller à l'essentiel comme si... Comme si nous n'avions pas le choix entre l'autoroute et la départementale. Bien sûr, c'est plus long, plus tortueux, voire plus sale mais nous avons toujours la possibilité de bifurquer vers un champ en contrebas. Laisser l'herbe nous chatouiller les chevilles, sentir poindre l'envie, l'envie de s'allonger, l'envie de caresser ce qui est à portée de notre main. Il sera toujours temps de reprendre la route.
Ainsi, pendant que la buée filait ailleurs, je n'ai pu que me rendre à l'évidence que nous négligions les genoux de l'autre. J'ai eu beau replonger dans mon passé érotique, je n'ai pas ramené à la surface le moindre souvenir d'avoir porté une attention particulière aux genoux. Si je ne les ai jamais caressés, ce fut certainement par inadvertance ou parce qu'ils se trouvaient sur le chemin qui mène aux chevilles qui elles concourent aux canons de la beauté. Pourtant, les genoux se caressent aussi aisément que les chevilles ou d'autres endroits encore plus courus ou convoités. Si l'actualité m'en donne le loisir, je reviendrai sur le sujet. Pour aujourd'hui, c'est plié (tout ça pour ça!) 

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