dimanche 13 décembre 2009

Moi émois (22)

Imaginons un retour vers le présent du narrateur. Imaginons que ce qui va suivre sont les premières pages de ses confessions. Imaginons que ces pages m'aient échappé. Imaginons je les ai retrouvées par hasard, entre deux serviettes de bain. Je ne suis pas certain que ce soit des confessions. Pour en avoir déjà lu une bonne partie, il ne me donne pas l'impression d'avoir avoué quoi que ce soit. Si elle a existé, le temps me semble avoir érodé la culpabilité. Voici la première partie de ces pages.

"Une grande partie de mon corps échappe à mon regard. Mes yeux m'offrent ce qu'il y a devant. Sur le côté, je devine mes épaules voûtées. Face à moi mais un peu en contrebas, deux genoux qui émergent comme deux bosses d'un monstre aquatique, comme deux îles oubliées. Je ne vois rien d'autre. Les reflets ont disparu. Ce que je vois me suffit. Ce sont comme des indices qui permettent de deviner, d'imaginer le reste. Peut-être devrais-je dire les restes. Je suis ce qui me reste. Je ne participe plus au festin de la vie. Je suis dans l'eau avec la conscience que je vais devoir en sortir.

Depuis quelques secondes, je ne bouge plus. Tout ce qui me reste de muscles est relâché. Mon cerveau ou plutôt mon esprit doit perdre la perception de mon corps. Il doit se croire seul, libéré d'un poids. Je me livre souvent à ce jeu. Avec de l'entraînement, il est possible de parvenir à la mise entre parenthèse de la chair."

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