mercredi 16 décembre 2009

Dans ses bottes



Il y a deux jours, dans la foulée de notre ami Frédo, le député UMP Thierry Mariani a déclaré avoir plus "d'estime" pour les Afghans qui ont "fait le choix de rester dans leur pays" pour "lutter contre les talibans" que pour ceux qui "fuient" l'Afghanistan.
Et, éprouvant certainement le besoin de se justifier, il ajoute "La France, qui mène une politique très généreuse en matière d'asile, n'agit pas seule: elle s'inscrit dans une démarche européenne, notamment aux côtés de la Grande-Bretagne, pays des droits de l'Homme s'il en est, où les procédures de reconduite à la frontière ne suscitent aucune réaction", ajoute-t-il.

C'est le désormais célèbre argument "puisque que cela se pratique ailleurs et ce sans contestation, il n'y a pas de raison que nous ne le fassions pas".

Pour ceux qui ne le connaissent pas, M. Mariani est ce que l'on appelle un homme de droite, de cette droite humaine mais ferme, de cette droite assumée, sans complexe, de cette droite aux racines chrétiennes mais non laxiste. Je vous ai mis en PS quelques-uns des amendements dont il est l'auteur.

Il est fort probable que les réfugiés afghans n'aient que faire de l'estime de M. Mariani. Il y a plusieurs raisons à cela. Celles qui suivent et certainement d'autres.

M. Mariani est président du groupe d'amitié France-Kazakhstan. Le Kazakhstan a un régime présidentiel "considéré comme autoritaire" dont le président Noursoultan Nazarbaïev, adepte du népotisme, a été élu pour sept ans avec 91 % des voix au premier tour et dont l'objectif, après tripatouillage de la constitution, est d'être élu président à vie.

M. Mariani, comme membre de la majorité, en est réduit à soutenir Hamid Karzaï, président corrompu, selon les propre termes de M Kouchner, d'un Etat corrompu. Une part très importante des aides financières ont été détournées. En 2007, elle se situait entre 300 et 400 millions de dollars et ce au détriment des afghans.

M. Mariani soutient une coalition qui se signale par de nombreuses "bavures" dont ont fait les frais des milliers d'afghans. Alors que la solution est bien sûr politique, nous envoyons toujours plus de soldats.

Semblant confortablement vautré dans ses certitudes, M. Mariani n'envisage pas un seul instant qu'un afghan puisse ne pas se reconnaître dans les dirigeants de son pays, qu'il puisse avoir le sentiment que son avenir est ailleurs, que l'avenir de son pays lui a échappé, avenir qui est entre les mains de puissances qui lui sont totalement étrangères. M. Mariani s'est-il seulement demandé, dans le confort des ors de notre république, quel est le passé de ces réfugiés? N'ont-ils pas déjà combattu, n'ont-ils pas perdu leurs proches, n'ont-ils pas simplement peur, n'ont-ils pas simplement envie de vivre et non de mourir pour des intérêts qui n'ont rien d'afghans? De quel droit M. Mariani se permet-il de les qualifier de traîtres?

Je m'énerve, il est temps que j'arrête.

Je ne supporte pas la bonne conscience donneuse de leçon.

PS : Autorisation de recours aux tests ADN lors de la délivrance des visas de plus de trois mois au titre du regroupement familial, en cas de doute sérieux sur l'authenticité de l'acte d'état civil (amendement supprimé en commission au Sénat) ;
Autorisation de statistiques raciales et ethniques. Rejeté car inconstitutionnel ;
Division par deux du délai de recours pour les demandes d'asile (amendement n° 69, article 9, du 17 septembre 2007) ; amendement adopté ;
Interdiction d'hébergement d'urgence aux personnes en situation irrégulière (repris par les médias par SDF sans-papiers). (amendement n° 209, article 18, du 17 septembre 2007) ; amendement adopté dans un premier temps par l'Assemblée nationale, puis supprimé par le Sénat.

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