samedi 10 novembre 2007

Chronique du matin (plaisir)



Ce matin le ciel est gris. Les dernières feuilles du noisetier qui se trouve dans le jardin tentent de résister au vent. Les noisettes ont toutes été entreposées par l'écureuil du coin. A propos de noisettes, pendant l'été, le noisetier fait écran avec les voisins d'en face et la lointaine rue.

Ainsi, certains matins, avant que les sons de la routine ne me soient renvoyés par la rue, levé depuis quelques secondes, j'ouvre la fenêtre de la chambre, je regarde le noisetier et je me sens ailleurs. Je ne pense à rien, je ne fais que regarder. La sensation de premier matin du monde est renforcé par la tenue qui est la mienne durant ces premières secondes. Je laisse la fraîcheur se déposer sur mes membres. Si je me sens gagné par un sentiment de liberté et prêt à offrir mon corps à la nature, ce qui n'a aucun sens, mon envie d'exibitionnisme urbain est modéré par le fait que les balasts des corps caverneux peuvent mettre quelques minutes à se vider, non que j'ai honte de mon corps caverneux mais je préfère lui offrir une audience restreinte.

Pourtant, comme une mémoire cachée réveillée par un gène que l'air frais aurait ravivé, j'ai devant les yeux l'image d'un cerf humant l'air d'une clairière et essayant de déceler le parfum du désir.

Je referme la fenêtre avant de me mettre à bramer.

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