vendredi 14 novembre 2008

Suite de quiche

En ce vendredi matin, au moins une française était heureuse, non pas de la nuit qu'elle venait de passer mais de ce qu'elle avait appris au petit matin. La nouvelle, apportée par coursier spéciale, lui apprenait qu'au troisième trimestre la croissance française avait progressé de 0,14%. Elle put, sous sa douche, sur l'air de "On est en finale", chanter "On est en croissance". A mon avis elle doit prendre sa douche une charlotte sur la tête. Et c'est ainsi que, dès potron-minet et munie d'un pot-au-lait ébréché,, elle alla clamer la bonne nouvelle sur RTL. Vous aurez reconnu ma copine Christine Lagaffe dont j'ai repris deux phrases, sorties de leur contexte.

"La France, contrairement à l'Allemagne qui fait - 0,5 et à la Grande-Bretagne qui fait - 0,5, fait + 0,14 %", a indiqué Mme Lagarde. "Le chiffre est étonnant puisque chacun s'attendait à un chiffre négatif et se préparait à débattre sur la récession, puisque la récession, c'est techniquement deux trimestres successifs négatifs"
"C'est une bonne nouvelle, ça signifie que la France n'est pas techniquement en récession", a-t-elle expliqué, estimant que "la politique du gouvernement est en train de produire ses effets".

Je me permets quelques commentaires. Jusqu'ici, la Christine nous a toujours vanté l'Allemagne et la Grande-Bretagne comme des modèles économiques qui avaient su se réformer, s'adapter alors que la France croupissait dans le conservatisme, le corporatisme et était plus préoccupée par l'organisation de ses rtt que par le travail. Notre pays n'était plus qu'un immense club med. Ni une, ni deux, ma copine Chricri et tout ce que notre pays compte de sérieux et responsables allaient nous remettre dare-dare au travail, avec en point de mire les deux bons élèves. Galvanisé par l'enthousiasme ambiant, j'ai arrêté de faire la grasse matinée et chaque matin, ali alo, sifflotant je partais au boulot.

Et qu'apprends-je? Que nos héros sont, eux, en récession. Les malades sont-ils morts en bonne santé, les réformes ont-elles provoqué une rupture...d'anévrisme?

Par contre, je tiens à saluer l'opiniâtreté de notre ministre qui nous a toujours dit que notre pays était moins exposé à la crise que les autres. On la sent heureuse et fière. Je l'imagine traversant Paris en brandissant ses 0,14%, ou les tenant fermemant entre ses dents comme un morceau de viande arraché au libéralisme.

Pour terminer, je vous demande de garder en mémoire ces deux phrases, nous serons certainement amenés à en reparler.

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